Vous avez dit renouveau ?

Vous avez dit renouveau ?

Mardi 18 avril 2017, par André Bellon, Tribune libre

Le renouveau est à la mode. On comprend cette recherche alors que le besoin de changement s’impose avec une telle évidence. Encore faut-il savoir de quoi on parle.

Ce n’est pas sans raison que la fameuse phrase tirée du Guépard est aujourd’hui tellement d’actualité : « Pour que tout reste comme avant, il faut que ça change ». A chaque échéance importante, on entend telle ou telle personnalité nous expliquer la vie et les évolutions nécessaires en cherchant à influencer nos votes. Lors du référendum de 2005, on se souvient du rassemblement pathétique organisé par Jack Lang avec nombre d’acteurs qui proclamaient leur soutien au oui avec l’argument suprême autant qu’imbécile : « je vote oui parce qu’il faut que ça change ».

En fait, la question est volontairement mal posée par les tenants de l’ordre existant. Elle rappelle l’échange surréaliste entre Alice au pays des merveilles et le chat de Cheshire. Au milieu d’une clairière, Alice demande au chat quel chemin elle doit prendre pour sortir de là.

-  Cela dépend beaucoup de l’endroit où vous voulez aller
-  Oh, cela n’a pas d’importance
-  Alors n’importe quel chemin fera l’affaire
-  Pourvu que j’arrive quelque part
-  Oh, vous y arriverez surement pourvu que vous marchiez assez longtemps

La vraie question est, en fait, de savoir qui décide de l’endroit où nous voulons aller et donc de la signification réelle des changements. Ce n’est donc pas un hasard si tant de personnalités insistent sur le besoin de renouveau. Ils veulent décider du sens de ce thème qui semble faire consensus.

Ainsi en est-il de la Constituante. Elle a, petit à petit, occupé l’espace du débat politique. Du coup, un combat s’est développé et doit continuer de se développer pour savoir quel sens lui donner et qui va lui donner sa portée réellement démocratique.

C’est pourquoi nous nous battons depuis des mois pour proclamer qu’elle est incompatible avec la présidentielle. La reconstitution du peuple ne saurait s’accommoder de la personnalisation et des risques de manipulation inhérents à cette élection.

Le choix du futur, en démocratie, dépend du seul titulaire de la souveraineté : le peuple. Lui seul peut décider de ce que sera ou ne sera pas le renouveau. C’est pour cela qu’une Constituante élue émanant des débats locaux entre citoyens est le chemin de l’avenir. Elle seule peut donner la réponse aux défis qui s’accumulent en cette période incertaine.