Pas de démocratie sans conflit

Pas de démocratie sans conflit

Mercredi 3 juin 2009, par J.M.

Peut-il exister une démocratie sans luttes ? Peut-il exister une démocratie sans expression politique des conflits qui traversent le corps social ? Pour l’auteur André Bellon la démocratie est à juger à l’aune de ces principes. Tel est le contenu de son article, publié ce mois-ci page 3 du Monde Diplomatique. S’il considère, en un sens, que la recherche d’une démocratie « apaisée » ou « tranquille » relève de la mort politique et d’un détachement radical par rapport à la vie sociale, il ajoute, en un autre sens, qu’un tel détachement vise toujours à exclure le peuple des institutions. L’Europe, notamment, entre dans cette catégorie : elle se fait à mesure que la souveraineté des peuples se défait. Elle se construit à mesure que la lutte des classes se détruit. Elle ne laisse, en effet, qu’une place insignifiante aux citoyens, à l’expression de leurs suffrages comme à celle de leurs conflits. En voulant exprimer un soit disant consensus, l’Europe gomme les débats et elle diffuse l’idéologie d’une politique sans peuple ni Nation. Avec des références accordées à Léon Gambetta, Jean Jaurès ou Rosa Luxembourg, les propos d’André Bellon sont très éclairants : puisque le Parlement européen n’a jamais tenu compte du 29 mai 2005, il est trop de dire qu’il s’accorde avec la démocratie. D’une part, il la nie au nom des lois de l’économie. D’autre part, il la contourne au profit des lobbies. La liberté des citoyens devrait donc s’exprimer par d’autres moyens.

A lire : André Bellon, « Pas de démocratie sans conflit », Le Monde Diplomatique, Juin 2009, p.3 ; http://www.monde-diplomatique.fr/2009/06/BELLON/17239