Le 14 juillet 1789

Le 14 juillet 1789

Mardi 14 juillet 2009, par Michel Lambalieu

La prise de la Bastille, résultant de l’insurrection parisienne, donne une valeur hautement symbolique à la première apparition de la cohésion du peuple dans une période d’impasse politique.

En 1789 en France , tout est en crise.
Crise agricole d’une part avec des cours instables et une raréfaction de la production de blé à l’origine d’une grande spéculation, mauvaises récoltes de fourrage entraînant une crise de la laine. Non seulement un nombre considérable d’ouvriers agricoles se retrouvent misérables, sans travail et sans aucun revenu, mais les petits propriétaires et les métayers font face à une intransigeance seigneuriale qui continue à exiger un rendement important de ses ressources foncières pour compenser l’érosion monétaire. Les privilégiés, grands profiteurs de la hausse des prix du blé, ancrés dans leur égoïsme, en particulier le Parlement de Paris, ne font qu’exaspérer l’opinion.

Crise industrielle d’autre part dans le textile, résultant du traité de libre-échange signé en 1786 qui ouvre la France à l’industrie textile de la Grande Bretagne. La moitié des métiers à tisser sont à l’arrêt avec en corollaire des baisses de salaire conséquentes pour les ouvriers. Des émeutes d’une population acculée à la misère se produisent, (août 1787, mai 1788) signes avant-coureur d’un embrasement plus général qui n’attend que l’étincelle déclenchante pour se manifester : ce sera le renvoi de Nécker par le Roi le 11 juillet 1789 avec pour résultante la ruine des rentiers conséquente de la banqueroute de l’Etat.

Avec l’accroissement des dépenses et une inflation généralisée, le déficit des finances royales entraîne la crise financière. Le budget de la guerre et des expéditions en Amérique est considérable. Les emprunts et leurs intérêts représentent une charge excessive répartie d’une manière totalement inégalitaire. Necker publie le “Compte rendu” qui met en relief les dépenses exorbitantes de la Cour ; la révélation de leur montant révolte l’opinion.

Ces crises se produisent alors que les idées se modifient en profondeur : les réflexions des philosophes et les travaux de “l’Encyclopédie" remettent en cause la concentration des pouvoirs dans la main d’un seul homme, le Roi. La révolution se fait et s’installe dans les esprits. Elle se radicalise et se popularise, partant de Montesquieu, passant par Voltaire et aboutissant à Rousseau qui attaque les fondements présents de la société elle-même.

Le discours de Camille Desmoulins sur la “St-Barthélémy des Patriotes”, focalise toute la détresse d’un peuple et son exaspération. Celui-ci décide alors d’agir pour lui-même et de prendre en main son destin. La présence de troupes massées autour de Paris est une pression indirecte sur les députés réunis désormais en Constituante. Face aux actions provocatrices des courants conservateurs la population tout d’abord est incitée à les soutenir avant que d’exercer progressivement une pression plus directe. Le pouvoir de Louis XVI décline pendant que celui du peuple progresse. Sous la pression du peuple manifestée le 14 juillet, présageant la reconnaissance de sa puissance, le Roi rappellera Necker le 16 juillet.

Après la prestation de serment de Louis XVI à la Constitution le 14 septembre 1791, la révolution est opérée : le pouvoir passe juridiquement des mains du Roi à celles de la Nation. Louis XIV n’est plus souverain “par la grâce de Dieu”, mais par la volonté du peuple. La transformation sociale est en marche. La République n’est plus loin.

La prise de la Bastille est le symbole de la prise de conscience par le peuple de sa puissance et sa capacité à imposer sa volonté lorsqu’il est uni “pour la première fois, le peuple est apparu plus fort que les rois"(Mistler).

Lorsque d’autres Bastille restent à prendre, n’oublions pas ce que le rassemblement d’un peuple est capable d’imposer. Une Constituante est à l’ordre du jour.

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