Plus il y a d'Europe, moins il y a de démocratie

Plus il y a d’Europe, moins il y a de démocratie

Vendredi 11 septembre 2015, par André Bellon, Tribune libre

Les évènements en Syrie, en Irak et en Afrique et les exodes massifs de réfugiés qu’ils entrainent ont légitimement suscité un élan de solidarité envers les victimes. L’individualisme n’est donc pas aussi dominant que le prétendent tant de beaux esprits.

Mais il est particulièrement indécent de voir ces drames utilisés à des fins politiques avec l’appui dégoulinant de bonne conscience de medias racoleurs. On notera tout particulièrement la volonté réaffirmée, ces derniers jours, par Jean-Claude Junker, ce fanatique des traités contre lesquels il considère qu’« il n’y a pas de démocratie », de renforcer encore davantage le pouvoir de la Commission de Bruxelles aux dépens des Etats membres. On retrouve là la fameuse stratégie du choc utilisée en tant d’autres lieux pour imposer, sur les cadavres des asservis, un ordre favorable aux puissants.

Qui, d’ailleurs, est largement responsable de ces flots de migrants et de réfugiés !

Qui a, depuis des décennies en effet, humilié les peuples du Proche et Moyen Orient, détruit toutes les tentatives indépendantes ? Qui est intervenu stupidement en Irak en 2003 ? Qui en Lybie en 2011 ? Qui a encouragé les islamistes contre des gouvernements jugés peu soumis ?

Qui, surtout, a imposé un ordre économique et financier qui plonge les populations dans la misère et tente d’empêcher tout renouveau des volontés populaires hostiles à cet ordre ? Si ce n’est ceux qui se posent en infirmières des conséquences sans évidemment s’inquiéter des causes. C’est-à-dire cette politique qui constitue le projet fondamental de l’Union européenne, obsédée par la concurrence et le libre-échange d’ailleurs renforcés par un Traité transatlantique en construction et qu’on tente d’imposer en catimini aux peuples.

Le scénario européen est malheureusement connu. A chaque étape, loin de remettre en cause un système mortifère qui consiste, au nom des règles financières indiscutables, à réfuter toute expression des peuples, les dirigeants demandent encore plus d’Europe, moins de démocratie.

La destruction de la démocratie n’est pas fatale. Il importe avant tout de rappeler qu’elle n’est que l’autre nom de la souveraineté populaire. Loin de ce renforcement lointain et malsain d’une Europe qui a bien prouvé avec la Grèce qu’elle n’a cure des volontés nationales et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, c’est au contraire la démocratie et le resurgissement des volontés des peuples qui donnera la solution en refondant les libertés au service de l’intérêt général.

Osons dire non à cette dérive qui condamne les peuples à plus d’austérité et à moins de souveraineté. En France, appelons à l’élection d’une Assemblée Constituante au suffrage universel.