A propos du 4 Août

A propos du 4 Août

Samedi 13 août 2016, par Jacques Lafouge, Tribune libre

Le texte de Jacques Lafouge ci-dessous est d’autant plus opportun lorsqu’on se rappelle que Monsieur Jean-François Copé, de façon assez ahurissante, estimait sur France Inter en 2010 qu’il régnait en France, une ambiance malsaine de nuit du 4 Août . Il ajouta qu’à l’époque : « on a fracturé notre pays et ça c’est terminé par une dictature, ne l’oublions pas. C’est bien de parler d’histoire ... ».

Ce serait encore mieux de vouloir l’analyser. Étrange prise de position, en effet, que celle qui assimile justice sociale et violence. Stupide paradoxe que celui qui aboutit à considérer que la société se fracture lorsque les privilèges disparaissent.

***


Le 4 Août évoque-t-il encore quelque chose ? par Jacques Lafouge

Le 4 août 2016, on était bien sûr à 3 jours des jeux olympiques de Rio de Janeiro et ça mobilise les foules devant les petits écrans et fait oublier les malheurs des jours actuels.

Qui se souvient d’un autre 4 août celui de 1789 ? Figure -t-il encore dans les livres d’histoire revisités ? Il a pourtant vu s’établir le principe clé de la République : l’Egalité !

La Liberté, soit, qui devrait aller avec l’Egalité. Sommes-nous libres ? Oui si nous pouvons aller retirer un passeport pour voyager à l’autre bout de la terre, ou critiquer, sans excès, le pouvoir en place. Non, si les citoyens n’ont aucun pouvoir d’intervention et de contrôle sur le pouvoir en place qui agit contre son devoir de représentation du peuple dont il n’est pourtant que le mandataire.

Alors resterait l’Egalité car sans elle il n’y a pas de Liberté.

Au début de ce mois d’août le pouvoir politique, en la personne du Premier Ministre, pensant lutter contre l’islamisme radical, propose de fermer des mosquées comme si un bâtiment pouvait être subversif, et de former des imans pour qu’ils ne soient pas. Pour financer tout ça on créera une taxe sur les produits Hallal. Génial, sauf que le Président de la République désavoue cette initiative lamentable, mû par un souci électoral ou autre.

Or nous touchons là à deux défauts majeurs de la Ve République.

Le premier tient au fait que deux personnages le Président de la République et le Premier Ministre s’expriment, ce qui serait normal s’ils véhiculaient le même message, mais comme ce n’est pas le cas, alors un seul suffit et il faut donc en supprimer un.

Le second tient au fait que le Premier Ministre fait une déclaration inadmissible du point de vue de l’égalité entre les citoyens qui ont le mauvais goût de professer une religion qu’on pense suspecte. On ne s’est pas visiblement aperçu que pointer du doigt un groupe de citoyens est contraire aux principes de la République et que le Conseil Constitutionnel n’aurait pas manqué de sanctionner et d’annuler une telle disposition.

Ceci renvoie à une autre atteinte à l’Egalité qui a consisté à imposer aux retraités un impôt supplémentaire de 0,30% sur le montant de leur retraite, ceci concernant une catégorie de citoyens considérés comme privilégiée encore que la démonstration n’en n’ait jamais été faite, sauf pour les besoins de la cause. L’explication donnée vertueusement à l’époque de ce que 0,30% représente peu de choses n’occulte pas que de 0,30 on peut passer, sans phrases, à 0,50%, 1% et plus et que par ailleurs on oublie que les retraité d’aujourd’hui ont fait la prospérité du pays hier, ce qui est une curieuse manière de leur porter un peu de considération.

C’est bien parce qu’il faut en revenir à l’Egalité entre les Citoyens et à la justice sociale et fiscale que la réunion d’une Assemblée Constituante s’impose d’urgence.