Retour sur la rafle du Vel d'hiv

Retour sur la rafle du Vel d’hiv

Dimanche 30 juillet 2017, par Anne-Cécile Robert, Tribune libre

La commémoration de la rafle du Vel d’Hiv revêt une importance particulière : condamner officiellement l’antisémitisme et les crimes contre l’humanité du régime de Vichy. C’est une nécessité absolue. Cela étant , affirmer que "la France est responsable" ne revient-il pas à déclarer que le gouvernement de Vichy était légitime ? Et, dans ce cas, quid de la Résistance dont le mot d’ordre était "libérer la France. Rétablir la République" ?

10 Messages

  • Retour sur la rafle du Vel d’hiv

    Le 3 août 2017 à 19:42 par Raymond Douville

    Le gouvernement dit ’de Vichy’ a reçu les pleins pouvoirs de l’assemblée nationale ; il était donc légitime. Je ne comprendrais jamais l’argument qui consiste à dire que le gouvernement de la France n’est pas la France ... Il s’agit bien d’une page de notre histoire, la plus honteuse, et qu’il faut assumer sans généraliser les actes commis à une volonté de toute la population française, avec la volonté de le comprendre pour que cela ne se reproduise pas.

    Deux exemple : dans le code militaire, il est dit maintenant que l’on doit refuser un ordre manifestement illégal. Dire ’je n’ai fais qu’obéir aux ordres’ n’est plus une excuse, et c’est un enseignement du procès de Nuremberg.

    Et dans les écoles de police, on enseigne aussi qu’en certaines circonstances exceptionnelles, il faut savoir désobéir aux ordres. Il s’agit d’un enseignement issus de la rafle du Vel d’hiv ...

    • Retour sur la rafle du Vel d’hiv

      Le 4 août 2017 à 08:47 par hadjadj

      En Réponse à Raymond Douville :
      Voila un regard clair sur le fait de savoir si le gouvernement de Vichy était légitime ou pas et s’il était légitime pouvait-il engager la responsabilité de la France et parler et agir en son nom ; la réponse à ces deux questions est oui du fait que ce gouvernement avait reçu ses pleins pouvoirs d’une majorité supérieure aux deux tiers des députés de l’Assemblées nationale. Les 80 courageux députés qui s’y étaient opposés ont sauvé l’honneur mais pas la France.
      Comme en matière d’héritage, il faut donc avoir le courage d’accepter autant l’actif et le passif de notre histoire. La France était bien responsable du Vel-d’Hiv même si le passif est lourd. Même si la France Libre était à Londres et qu’elle a rétablit la Liberté avec nos alliés, même si …
      Pouvoir tirer tous les enseignements de notre histoire permet de ne pas en revivre les drames.
      Robert HADJADJ
      Cercle de Montpellier

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  • Retour sur la rafle du Vel d’hiv

    Le 4 août 2017 à 21:29 par BIZEAU Claude

    Pour intéressant que soit le point de vue juridique concernant la légitimité du gouvernement de VICHY, ce n’est qu’un aspect du problème qui ne permet pas à lui tout seul de répondre à la question : Vichy était-il "La France" ? La réponse est dans l’histoire. La 3° République s’étant abîmée dans la défaite de 1940, commença en 1940 une impitoyable guerre civile entre patriotes (de Londres et de l’Intérieur) et partisans de la collaboration. Ceux-ci disposaient de l’appareil administratif et surtout policier,ce qui explique leur suprématie temporaire (rappelons que les résistants finirent par triompher) mais ceci n’en fait pas "La France". Car si Vichy était la France qu’était la résistance ? Probablement l’"antiFrance". Il est d’ailleurs bien pratique d’attribuer à une entité abstraite (La France) ce qui fut le crime d’un gouvernement bien identifié, avec des responsables de chair et d’os. N’est-ce pas un moyen, quelque part, d’atténuer la responsabilité des BOUSQUET, DARQUIER et autres ?. J’ai tendance à croire que "La France" ce sont d’abord les Français. Faut-il donc rendre tous les ressortissants français de l’époque responsables de la rafle du Vel d’HIV (même ceux qui étaient juifs ?) Autre façon de récrire l’histoire et de noyer les responsabilités.

  • A quoi peut bien servir l’illégitimité supposée de Vichy ?

    Le 5 août 2017 à 08:00 par Policar Alain

    Ne conviendrait-il pas de s’interroger sur les motivations du FN pur exempter la France de sa responsabilité ? Ce refus de regarder notre histoire lucidement ne peut être le nôtre. Ce que disent les deux commentaires précédents est frappé du sceau du bon sens : le gouvernement de la France exprime ce que la France est à un moment de son histoire. En l’occurrence, majoritairement résignée à la collaboration et profondément antisémite.
    Nous viendrait-il à l’esprit d’exonérer les Allemands de leur responsabilité sous prétexte que les conditions d’accès d’Hitler au pouvoir sont formellement démocratiques ? Ce serait considérer que le formalisme démocratique et la légitimité se confondent, et donc adopter un point de vue étroitement positiviste, alors que le droit n’est rien sans les principes éthiques qui sont censés le justifier. Ce débat, dans la philosophie juridique moderne, est celui de Kelsen ou Hart contre Dworkin. Si le positivisme n’est pas un adversaire facile, il se heurte nécessairement à des apories.

    • A quoi peut bien servir l’illégitimité supposée de Vichy ?

      Le 6 août 2017 à 21:08 par BIZEAU Claude

      Cher ami rationaliste. La question posée était : vichy représentait-il La France ? ou encore Vichy était-il La FRANCE ? Il me semble qu’on ne peut réduire un pays à son gouvernement temporaire ,surtout un gouvernement policier , dictatorial, qui ne "contrôle" qu’un tiers du territoire, le reste étant occupé par les vainqueurs (un gouvernement de rencontre disait le Général). D’autre part, il y avait deux France qui se combattaient. Est-il possible de faire partager les crimes de Vichy par ceux qui luttaient contre ce régime ? J’ignore quelle étaient les motivations de Marine LEPEN quand elle a mis en doute ce postulat mais je vois bien qu’il correspond à une constante remise en cause de la mémoire de la Résistance. Derrière le chagrin, le venin.

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  • Retour sur la rafle du Vel d’hiv

    Le 7 août 2017 à 10:39 par Raymond Douville

    Il est curieux de vouloir choisir les bonnes pages dans le passé d’un pays. Vichy ce n’est pas la France, mais De Gaulle et les résistants, authentiques héros mais ultra minoritaires, c’est la France ! Ce serait un travail difficile que de faire ce genre d’analyse historique : la marine de guerre qui refuse de poursuivre le combat contre l’Allemagne nazie c’est ou ce n’est pas la France ? les massacres coloniaux ce n’est pas la France ? L’esclavage ce n’est pas la France car il n’existait pas en métropole ? Napoléon génial organisateur du pays c’est la France, mais Napoléon massacreur ce n’est pas la France ? Louis XIV qui construit Versailles pendant que son peuple meurt de faim ce n’est pas la France ? C’est quoi la France ? ce qui nous fait plaisir ?

    En fait, ceux qui insistèrent à l’origine pour dire ’Vichy ce n’est pas la France’ sont ceux qui veulent faire oublier leur passé. Tous les fondateurs du FN et de cette idéologie sont issus de la collaboration active avec les nazis, dont ils partageaient les ’valeurs’ ; et Mitterand a voulu faire oublier son passé vichyste, lui qui lorsqu’il était ministre de l’intérieur a recruté d’ancien collaborateurs, dont certains jugés et punis, et avaient gardé ses amitiés envers René Bousquet.

    Le passé de notre pays existe, et aucun d’entre nous n’en a une responsabilité personnelle. Le reconnaitre ne consiste en aucun cas à faire acte d’une repentance infantile ; le passé doit être une source d’enseignement. Oui bien sur, j’ai une immense admiration pour les Compagnons de la Libération, et toute ma vie je me demanderai quel aurait été mon comportement en ces circonstances , si j’avais été courageux j’aurai été français, si j’avais été lâche je n’aurais pas été français ? La collaboration aussi a existé ...

  • Retour sur la rafle du Vel d’hiv

    Le 7 août 2017 à 15:45 par Anne-Cécile Robert

    Nous sommes d’accord sur un point important : l’histoire d’un pays doit faire l’objet de discussion et de critiques en écartant tout essentialisme.

    En revanche, en ce qui concerne Vichy - qui est l’objet du texte que vous commentez -, l’analyse revêt une importance politique très grande. Contrairement à ce que vous affirmez, le point de vue développé dans le texte est avant tout celui des gaullistes et des résistants. D’autre part, estimer que Vichy n’est pas la France ne relève pas d’une pétition de principe sentimentale mais d’une analyse politique et juridique : le régime de Vichy est issu d’un coup d’Etat et n’est donc pas légitime. Il ne saurait représenter la France. Il représente même, selon moi, la victoire - à la faveur de la défaite militaire de juin 1940 - de la minorité politique qui combattait depuis toujours les acquis de 1789 et rêvait d’abattre la République.

    Considérer que Vichy c’est la France revient donc à légitimer les coups d’Etat et le travail de sape de ceux qui n’ont jamais accepté la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. En fin, les historiens notent l’importance particulière du phénomène de résistance en France (comparé à d’autres pays vaincus) et des réseaux de sauvetage des Juifs dans un contexte de politiques antisémites menées par les Nazis et Vichy.

    En toute logique, on ne peut pas étendre cette analyse à des phénomènes comme la guerre d’Algérie qui ont, malheureusement, été décidé par des gouvernements légitimes, et qui sont donc des crimes pouvant être imputés à la France. On peut estimer cependant que l’une des raisons de la chute de la IVe République tient précisément aux entreprises coloniales. Ce qui montrent qu’on a toujours raison de se battre. Nous serons aussi d’accord sur ce point j’imagine.

  • Retour sur la rafle du Vel d’hiv

    Le 8 août 2017 à 09:19 par Policar Alain

    Je comprends, et admet, tout à fait le raisonnement de Claude Bizeau et Anne-Cécile Robert. Ma réaction, écrite un peu hâtivement, tient sans doute à la comparaison entre la France d’alors et le pays dans lequel je me trouve actuellement, le Danemark. Dans ce dernier, les pouvoirs publics, royauté en tête, et l’immense majorité du peuple, se sont mobilisés pour faire passer en Suède, la quasi-totalité de "leurs" juifs. Or, si "seulement" 25% des juifs français ont été déportés, la comparaison n’est pas à notre avantage. Bref, si Vichy n’est pas la France, il a, malheureusement, assez bien représenté les Français. J’aurais dû me contenter d’écrire cela. En ajoutant, peut-être, que l’attitude de nos chefs d’Etat, avant Chirac, n’avait pas, me semble-t-il, les mêmes motivations que celles d’Anne-Cécile et Claude.
    Bien amicalement

  • Retour sur la rafle du Vel d’hiv

    Le 17 août 2017 à 17:38 par Jean-Dominique Gladieu

    Ainsi, d’après le Président de la République, « c’est la France qui a organisé la rafle du Vel’ d’Hiv’ ». Il serait facile de lui rétorquer que le régime de Vichy ne représentait pas la France mais, bel et bien, l’anti-France puisqu’il a instauré la collaboration avec une puissance occupante, c’est-à-dire avec les ennemis de la France.

    L’essentiel ne se situe pourtant pas là mais dans le pourquoi d’une telle déclaration. En fait, cette nouvelle provocation est à inscrire, me semble-t-il, dans le droit fil d’une sortie précédente relative au « colonialisme, crime contre l’humanité » et au « génocide perpétré par l’armée française en Algérie ». Chacun aura bien évidemment compris qu’il s’agissait moins de rendre justice à l’humanité et aux victimes des génocides* que d’exciter, en pleine campagne des présidentielles, la frange la plus conservatrice de l’électorat de droite en vue de favoriser l’accession de Marine Le Pen au second tour.
    *Il va de soi que, pour moi, le colonialisme est un crime contre l’humanité !

    L’objectif élyséen ayant été atteint, il reste désormais à Emmanuel Macron à remplir la mission qui lui a été assignée : accélérer le processus d’intégration européenne. Pour ce faire, en prélude à l’institution d’un ordre ouvertement supranational, il convient de préparer les esprits au démantèlement des nations historiques du Vieux-Continent en les discréditant et en les accablant de tous les maux.

    A cet égard, ce n’est pas un hasard si l’on s’en prend prioritairement à la France. En effet, celle-ci, notamment sous l’égide du Général De Gaulle, a souvent fait montre, par le passé, d’euroscepticisme (doux euphémisme !). Pouvait-on, dans ces conditions, imaginer « meilleur » fossoyeur de la Souveraineté du Peuple Français et de son Indépendance Nationale que le président français en personne ?

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