Parlez-moi de Laïcité

Parlez-moi de Laïcité

Lundi 16 avril 2018, par Jacques Lafouge, Tribune libre

Parlez-moi de Laïcité et je vous fous mon poing sur le gueule, sauf le respect que je vous dois, aurait pu chanter Brassens.

Car enfin peut-on encore parler de Laïcité ? Tout le monde en parle avec adjectifs s’il vous plait. Laïcité ouverte aux religions et fermée aux laïques.

C’est à qui des maires, des préfets et des autres de réunir les représentants des religions, 5, 6, 7 enfin le plus possible, de tenir des colloques avec elles, des réunions publiques, de recueillir leurs avis et comme par hasard pas un représentant des organisations laïques. 63% d’athées, d’agnostiques, d’indifférents à la chose religieuse, ça ne compte pas ; le 37% restant alors là oui.

Ne nous y trompons pas, c’est voulu au nom du vivre ensemble, remarquable cache misère pour faire accepter n’importe quoi et surtout l’isolement des citoyens qui ne le sont qu’une fois tous les cinq ans pendant 10 minutes, et encore.

Le reste du temps, et ça en fait du temps, empêcher de penser, isoler. Accepter ce que les médias aux ordres instillent à longueur d’émissions : du sirop contre le pessimisme. Tout renvoyer sur internet et face book. Plus de contacts avec personne. Votre petite gare à côté de chez vous : fermée ; votre petit bureau de poste : disparu ; votre agence bancaire si pratique au quotidien : perdue. Alors il vous reste à rester chez vous devant votre écran.

Militer, vous le voudriez bien, mais où ? Partis politiques aux abonnés absents, ralliés toutes tendances confondues au pouvoir en place ou essayant de faire de l’opposition… pas trop bruyante. Les syndicats ? ou devenus des alliés fidèles du Medef ou tentant de s’opposer à l’inacceptable avec des troupes en déroute.

Alors il reste les églises. Ce ne serait pas grave si elles ne s’occupaient que des âmes. Non, ce qui les intéresse c’est l’odeur de l’argent, celui du peuple, pour construire quelques édifices cultuels, culturels on ne sait plus, mais surtout s’emparer de l’éducation des enfants. A quand la privatisation de l’Education nationale qui aurait dû rester Enseignement public. A mort les hussards noirs de 1905. Finissons-en avec les laïcards fossiles. Le vent souffle pour une concorde universelle aussi frelatée qu’illusoire.

Et pendant ce temps là les antagonismes se creusent, les haines se nourrissent dans l’ombre ; on espère des révolutions qui viendront peut-être mais pas celles qu’on espérait.

On oublie simplement que cette loi de 1905 qu’on s’acharne à rogner de tous les côtés était une loi de paix. L’état chez lui, l’église chez elle disait Victor Hugo et il ajoutait que si on laissait l’enseignement aux cléricaux ils seraient capables de faire des ratures dans le cerveau des enfants.

S’il vous plait, parlez moi de la laïcité, de la vraie et je ne plagierai plus Brassens, il valait mieux que ça.

Mais pour cela il faudra changer de République et donc de Constitution.

CQFD