Moi Citoyen

Moi Citoyen

Lundi 13 août 2018, par Jacques Lafouge

J’avais cru naïvement bien sûr que depuis 1789 j’avais cessé d’être un sujet pour devenir enfin un citoyen. D’ailleurs la Déclaration des Droits de l’Homme le disait clairement : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits, et elle ajoutait même que la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme.

Fort de ces principes je pensais qu’ils s’appliquaient à tous y compris les représentants que nous, nous donnons et y compris même le Président de la République, chef de l’exécutif car la société a le droit de demander compte à tout agent de son administration. Mais je pensais qu’à l’évidence l’administration et le Président lui même se faisaient un devoir d’informer en détail les citoyens de leurs projets afin qu’ils puissent constater par eux-mêmes l’emploi de la contribution publique, puisque finalement tout est une affaire d’argent.

Par conséquent tout problème concernant tous les citoyens ou même une partie d’entre eux doit faire l’objet d’un débat public et bien autrement clair que les débats au Parlement qui ne nous parviennent ou pas, à moins d’être très curieux. Ce débat public est d’autant plus indispensable que la matière est complexe. Ce n’est pas parce qu’une personnes ou quelques unes ont eu une idée pour qu’elle s’impose à tous comme une évidence.

Là réside le fond de la question. Considérer que le simple fait d’être élu maire, député ou Président de la République et qu’avoir des sujets qui vous passent par la tête permet de les imposer à tous. S’arroger ce droit surtout lorsqu’il s’agit de projets dont on n’a jamais parlé ou qui sont le fruit d’une idée mal conçue ou pire mal raisonnée.

Certes le Président, au cours de sa campagne électorale, a dit un mot, pas plus, sur une quantité de thèmes. Soit. Qu’il y ait une nécessité de réformes personne ne le conteste, mais ce qui, compte ce n’est pas l’énonciation du sujet à traiter mais le comment. Et là silence.

On nous dit que la réforme des retraites aura lieu au début de 2019, et puis il filtre que ce sera avant et puis on ne sait plus. Il se murmure qu’il aurait été concocté un rapport dit Delevoye, qu’il aurait été remis directement au Président de la République, et puis silence. Contient-il le schéma de la réforme ? On n’en sait rien ! Va-t-on refaire le coup de la Sncf ? Va-t-on nous amener un projet tout ficelé au sujet duquel, l’assemblée aidante, ce sera à prendre de toutes manières. Entendra-t-on de nouveau une barbe noire sussurrer : ce n’est pas négociable !

Avant toute espèce de projet, avant toute espèce de décision, Moi Citoyen, j’exige être informé complètement.

La démocratie est à ce prix !

Ou bien il faudra changer de République. Pourquoi pas ?