Sortir ensemble de l'impasse politique

Sortir ensemble de l’impasse politique

Jeudi 25 octobre 2018, par André Bellon

Les réactions, déclarations ou appels suite aux perquisitions chez Mélenchon et au siège de FI ne font que rendre encore plus difficile la compréhension de la situation politique.

Comme à chaque affaire de la sorte, les soutiens du perquisitionné crient au complot et exigent une justice équitable. Certes, l’opération s’inscrit dans une suite d’affaires de même nature qui, jusqu’à présent, ont relativement épargné le Président de la République.

Mais, en alimentant les affaires par les invectives et les déferlements sur les réseaux sociaux, pense-t-on aider à remettre la vie politique sur une base saine ? Ces affaires, au lieu de tourner aux règlements de comptes, devraient permettre de mettre en lumière les vices de nos institutions qui blessent la vie politique française depuis des décennies.

La question du financement de la vie politique n’est pas neuve. Elle remonte au début des années 1990. A cette époque, les députés, pour la plupart PS, ont intégré la culpabilité que faisaient peser sur eux la classe dirigeante et les médias dominants. Voulant retrouver une légitimité devant les électeurs qui rejetaient la politique menée alors et ne pouvant ou ne voulant pas s’opposer à l’exécutif, Ils ont pensé retrouver une légitimité en transformant la question politique en problème moral. Ils ont donc ainsi eux-mêmes appelé à être surveillés, contrôlés, sanctionnés. Cette tentative naïve n’a évidemment pas empêché la déroute de 1993, renvoyant la majorité d’entre eux dans leurs foyers alors que le responsable principal de la politique menée, François Mitterrand, n’était même pas effleuré par l’idée de démission.

Bien sûr, des brebis galeuses existent chez les élus comme ailleurs. Et l’immunité parlementaire est destinée à garantir l’indépendance politique, pas à couvrir les affaires de droit commun. Mais, justement, y a-t-il encore indépendance politique et n’est-ce pas la question véritable ?

La situation demande avant tout de savoir ce que signifie la représentation des citoyens aujourd’hui. Un citoyen peut-il demander à un député de le représenter alors qu’il sait que ce dernier n’en a plus le pouvoir ?

La logique infernale consistant à faire contrôler de plus en plus les députés par des juges n’est que la conséquence de tous ces glissements. Ainsi disparait la séparation des pouvoirs, celui des juges passant de la non intervention au contrôle de conformité, puis à celui d’opportunité des actions des parlementaires. Le pouvoir des juges s’étend, en cohérence d’ailleurs avec le fonctionnement de l’Union européenne. Parallèlement, le pouvoir de l’exécutif empiète de plus en plus sur le législatif et les « réformes » Macron apparaissent comme destinées à accentuer le glissement. Peut-on même parler encore de séparation des pouvoirs alors que le législatif s’estompe de plus en plus et que l’exécutif étend son emprise ? Ne s’engage-t-on pas vers une forme totalitaire du pouvoir ?

Chacun, dans ce système de moins en moins conforme aux principes démocratiques, a cru trouver son avantage dans les ennuis de son adversaire. L’affaire des assistants parlementaires, lancée à l’origine par le président du Parlement européen Martin Schultz contre le FN, est revenue comme un boomerang contre tous les responsables politiques, à commencer par ce pauvre Bayrou auquel personne n’avait songé jusque-là. Certes, les questions judicaires demandent sérieux et retour aux principes républicains. Mais doivent-elles occuper tout l’espace public ?

Dans le contexte de crise politique et morale qui s’est aujourd’hui développé, le pays a besoin d’autre chose que d’invectives ou d’appels à soutenir une personnalité charismatique. La question ne peut plus être dans les mains de quelques-uns, partis ou politiques. La solution est la reconstitution du corps politique dans son intégralité. Il faut donc que la réflexion sur le commun, la redéfinition des règles et la manière de s’y soumettre, soit redonnée à l’ensemble des citoyens. Tel est le seul sens possible pour la Constituante.