La confession

La confession

Samedi 22 décembre 2018, par Jacques Lafouge

Comme dans la chanson Caroline, le roi s’en alla voir le pape à Rome pour lui demander l’absolution. A Rome, le roi était quasiment chez lui puisqu’il y avait une église et avait reçu les saintes huiles de la chanoinerie.

Bien sûr le souverain pontife le reçut immédiatement comme il est d’usage entre souverains.

Le roi après s’être agenouillé et récité quelques patenôtres lui dit : « Je m’accuse de bien grands forfaits. Mon peuple m’avait mis sur le trône pour remédier aux turpitudes de mes prédécesseurs. En mot il voulait être heureux et comptait sur moi pour ce noble dessein. Moi je voulais réformer ce peuple attardé et fainéant pour le faire entrer triomphant dans la modernité que j’imaginais et lui apporter une planète propre dont personne ailleurs ne voulait. J’établis donc des taxes sur ce qui polluait, en particulier l’abominable gazole, taxes qui augmenteraient évidemment dans le temps.

Ingrat le peuple ne voulait que de l’argent arguant qu’il ne pouvait arriver à la fin du mois avec ses salaires. Et chacun y allait de sa calculette pour faire la démonstration de sa misère. Ils manifestèrent dans la rue croyant me faire céder. Je leur envoyais mes archers, ils les reçurent mal. Je fis quelques concessions, d’abord provisoires qui devinrent définitives à mon grand regret. Derechef j’envoyais mes archers qu’ils reçurent encore plus mal et je ne savais plus que faire devant des gens qui ne voulaient que de l’argent. Evidemment je ne leur parlais pas directement, ma dignité m’en empêchant. Mon premier commis s’en chargeait, plutôt mal d’ailleurs. Saint père suis-je digne de mon trône ? »

Le pape se plongea dans d’intenses réflexions et lui dit enfin : « Mon fils vous n’avez pas péché. Vous avez appliqué à la lettre et de façon parfaitement orthodoxe l’épître de Paul aux Romains XIII- 2 et 3 : « En sorte que celui qui se révolte contre l’autorité, se révolte contre l’ordre établi de dieu et les rebelles s’attirent une condamnation. Les autorités ne font pas peur aux bons, mais aux seuls malfaiteurs. » Et l’épître aux Ephésiens VI-4 ajoute : « Serviteurs obéissez à vos maîtres d’ici bas avec crainte et respect, d’un cœur sincère... » La révolte de vos sujets les condamne et vous deviez les châtier et vous avez bien agi. Je ne vous donnerai donc pas une absolution car il n’y a pas eu de faute. »

Le saint père ajouta : « A mon tour de vous faire une demande. Il existe dans votre royaume une loi scélérate dite de 1905 sur la Laïcité de l’Etat qui repousse notre sainte église dans les ténèbres. Abolissez cette loi. Chassez les mécréants et les sans-dieux . Rendez-nous nos droits nos privilèges, nos prérogatives nos prébendes, nos immunités. »

Sans hésiter le roi répondit : « C’était déjà mon intention et je vais vider cette loi de son contenu pour l’édification des races à venir. Dès mon retour dans mon royaume elle disparaîtra ! »

Le roi revint dans son royaume. Il vit qu’une constitution nouvelle allait voir le jour pour un peuple heureux.

C’était la Révolution, ton, ton, tontaine et tonton.

J.Lafouge
07 – 12 – 2018