Menaces sur la liberté d'expression

Menaces sur la liberté d’expression

Dimanche 17 novembre 2019, par André Bellon

Les atteintes répétées à la liberté d’expression, fondement de l’humanisme, de la République et de la démocratie, au nom d’intérêts plus ou moins réels de telle ou telle communauté sont en train de déboucher sur un torpillage.

Parmi nombre d’exemples, citons l’annulation de la pièce de théâtre « Les suppliantes » d’Eschyle, celle de la conférence à Bordeaux de Sylviane Agacinski sur la PMA, les violences empêchant la prestation de Hollande à Lille, la suppression d’un colloque sur le terrorisme à la Sorbonne, …

Le principe est toujours le même : au nom des « droits » de tel ou tel groupe, il devient interdit d’exprimer une opinion qui heurterait la sensibilité des membres de celui-ci.

Nous sommes évidemment loin de Voltaire qui proclamait « Même si je ne suis pas d’accord avec vous, je me battrai pour que vous ayez le droit d’exprimer votre opinion ». En fait, nous assistons, par le recoupement des actions parcellaires de ces groupes à une tentative de destruction de tous les principes universels qui semblaient avoir gagné après la seconde guerre mondiale et qui s’exprimaient dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. La chose est d’ailleurs clairement affirmée par ces groupes autodésignés et qui tentent de s’imposer par la violence. Ils la théorisent même. Ainsi, un groupe « féministe » largement médiatisé par la presse bobo nous explique-t-il, sans autre forme de procès, que l’hétérosexualité est cause de la colonisation et du racisme, ainsi le Cran (Conseil représentatif des associations noires) veut-il empêcher toute utilisation de la couleur noire par les comédiens blancs, …

La chose pourrait faire sourire si, au travers de multiples manifestations, n’était pas en train de naitre une police de la pensée, typique de tous les régimes totalitaires. On peut, c’est mon cas, trouver indécente la publication par Hollande d’un livre magnifiant un nouveau régime respectueux d’un Parlement qu’il a lui-même méprisé. On ne saurait empêcher son expression par la violence. Une salle vide eut été plus efficace.

La démission des autorités universitaires qui annulent les conférences devant les pressions des activistes laisse mal augurer de l’exercice des libertés. On peut comprendre que l’état catastrophique de l’université après des années de politique de rigueur, la situation épouvantable des étudiants, ne poussent pas à la résistance. Il n’empêche que le dramatique ne justifie pas l’acceptation du pire.

Il n’y a qu’un pas entre les violences hostile à l’expression démocratique et la dictature des nervis. La République est en cause et le moindre des paradoxes n’est pas que ce danger émane de l’Université. Sachons refuser le piège.

2 Messages

  • Menaces sur la liberté d’expression

    Le 4 décembre 2019 à 13:21 par PLISSON

    Je renvoie cette réponse (qui m’a été renvoyée deux fois par le "système" d’envoi).

    Monsieur,
    Je reçois volontiers vos messages témoignant d’un engagement dans la "République sociale". Vous venez cependant de m’interpeler avec celui-là.
    Que vous vous manifestiez contre des interdictions mettant en cause notre liberté d’expression, je suis pour. Mais mettre Hollande sur le même pied qu’Eschyle, non, et pas seulement pour des considérations littéraires !!! Rappelons les faits : un étudiant de Lyon en précarité s’est immolé par le feu (brulé à 90%). Des rassemblements ont eu lieu cette semaine devant les instances universitaires pour protester contre une situation qui touche un nombre grandissant d’étudiants (on parle de 60% de précarité), conséquence comme pour le reste de la population d’une politique d’austérité initiée depuis Mitterrand et dont les directives contraignantes pour les budgets nationaux sont fixées autoritairement par la commission européenne de l’Union européenne, avec l’aval d’une parlement aux ordres.
    C’est pour dénoncer les politique assassines de tous les gouvernements précédents que poursuit Macron aujourd’hui, que des pages du livre de Hollande furent déchirées. Par mépris et par haine pour ces dirigeants faillis, rejetés - on le voit, tous les jours - par une partie grandissante de la population, et dont vous ne tenez pas compte dans votre diatribe vengeresse. Vous confondez cet acte de protestation élémentaire avec un autodafé ? On dirait du Finkielkraut. Vous vous placez ainsi du côté de l’Etat et de sa violence, tel qu’il évolue de plus en plus à droite, et non de la République dans ce qu’elle doit répondre aux intérêts de la majorité de la population. Se draper ainsi dans Voltaire, dont les idées ont participé à cette République que nous voulons, devient une posture qui n’arrange rien.
    Malentendu ? Alors, merci de me détromper au plus vite.

    Cordiales salutations.
    Jean-Pierre Plisson

    • Menaces sur la liberté d’expression

      Le 4 décembre 2019 à 14:21 par André Bellon

      Je sais que ce n’est pas sur le même plan. Je vous rassure donc. On m’a, d’ailleurs déjà posé la question Cela étant, et compte tenu de la longueur assez faible d’un texte, il est difficile de faire part de toutes les nuances. Cela étant, vous noterez que nous avions parlé déjà deux fois d’Eschyle et jamais de Hollande sauf pour le critiquer https://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article1683
      critique qui est d’ailleurs réaffirmé dans la fin du texte.
      La question générale du droit d’expression demeure au-delà de l’immédiat. Je reste à votre disposition.

      Répondre à ce message

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