Liberté, Egalité, Fraternité

Liberté, Egalité, Fraternité

Mardi 14 juillet 2020, par Florence Gauthier

Dans le texte ci-dessous, Florence Gauthier décline la devise républicaine. Tous ses livres ne parlent que de cette conception de la politique avec des droits qui correspondent au trois niveaux d’existence de tout être humain. Elle a commencé avec Triomphe et mort du droit naturel en révolution, 1789-1795-1802, (1992) en trois parties qui correspondent à ces trois niveaux de droit, qu’elle consacre à l’histoire de la Révolution française et celle de la colonie esclavagiste de St-Domingue.

 Liberté, le droit naturel des humains, au niveau individuel, pour commencer, en insistant sur la conception de droit individuel naturel qui est réciproque : ce que les philosophes et autres théoriciens dits politiques ont oublié depuis qu’ils ne font plus d’histoire, mais se limitent à être au aguets des petits ou grands changements de la politique capitaliste-impérialiste qui domine depuis le début du XIXe siècle, je veux parler des intellectuels dominants, bien sûr, car ils ont été créés : c’est indispensable. Et la réciprocité du droit (égalité ou universalité, c’est la même chose) a ainsi disparue… pour sombrer dans l’individualisme absolu qui domine à l’heure actuelle.

 Egalité, c’est le niveau des relations au sein d’une société politique des citoyens entre eux, c’est-à dire le niveau du droit politique, avec tous les problèmes que posent la réciprocité du droit contre l’individualisme à la mode depuis le début du XIXe siècle aussi. (Gros morceau, car en Angleterre, cet individualisme politique existe depuis Hobbes et autres ensuite, et s‘est imposé institutionnellement dès la Glorieuse révolution de 1688 : un siècle d’avance dans le capitalisme-impérialiste.

 Fraternité, c’est le niveau des relations entre les peuples et les gens : on disait alors le droit des gens et Benthem l’a remplacé par le droit international, qui se réduit aux droit des traités entre sociétés politiques et permet de supprimer le premier niveau des droits réciproques.

Florence Gauthier y raconte la politique de refus de la guerre de conquête, refus qui a commencé dès 1789 et a reçu les révolutionnaires corses (réfugiés hors de France depuis que Louis XV avait reconquis manu militari la Corse) et rendus à la liberté qu’ils avaient déjà conquise depuis les années 1720. Ensuite le refus de la guerre de conquête proposée par les Brissotins depuis 1791 jusqu’à juin 1793. Et l’anticolonialisme, bien caché par l’historiographie depuis le début du XIXe siècle, une fois de plus.

L’anticolonialisme montagnard a pris la défense du refus de l’esclavage des esclaves (soit la liberté individuelle), mais aussi, de la perte de leur liberté politique en préparant une décolonisation (2è et 3è niveaux), qui a été interrompue par Thermidor. En France, la contre-révolution a rétabli conquête et colonialisme avec la Constitution de 1795 et esclavage par Bonaparte en 1802 : tout était prêt pour poursuivre conquête et esclavage sous des formes nouvelles au siècle suivant.

C’est Robespierre qui a forgé la devise de la République, ce que l’on a caché aussi longtemps que possible et attribué à 1848 (!) car il était un théoricien et un politique du droit naturel et de ses trois niveaux de droit. Cette devise est toujours là, bien que vidée de ses significations par une ignorance bien entretenue, qui a réussi à en faire perdre la mémoire au… XIXe siècle.

Et depuis, la Révolution des droits de l’homme et du citoyen est vouée aux gémonies de tous les partisans du capitalisme-impérialiste, et même les marxistes orthodoxes ont été atteints en adoptant, depuis la Social-démocratie allemande dans les années 1880, l’économisme des libéraux, construit en Angleterre par les théoriciens autour de Bentham, qui ont colonisé le monde et répandu colonialement leurs théories. La Social-démocratie allemande a ainsi justifié son dogme le plus sacré, que tout le monde connaît aujourd’hui : l’économisme domine, c’est l’explication des transformations des sociétés, le progrès économique passe par la succession des modes de production. Conséquence : le socialisme ne peut être que le fruit du capitalisme. Toutes les sociétés devront passer par là. On a ainsi compris que seuls les pays déjà capitalistes-impérialistes peuvent connaître les joies du socialisme… mais pas les colonies, faudra qu’elles attendent un peu…

Là, il y a eu des refus, celui de Lénine qui a écrit son "renégat Kautsky », publié en 1917. Mais il a ajouté la dictature du parti bolchévique et est mort en 1922. Staline, son héritier en dictature, a repris le dogme économiste et mené une politique capitaliste-impérialiste, dans la lignée de ce dogme…Evidemment la Sociale démocratie allemande n’a pas soutenu Lénine ni Staline… Et maintenant, la Russie est capitaliste-impérialiste sans fard, j’allais écrire, sans masque ! Ah ! le confinement…