Après le dernier cycle

Après le dernier cycle

Mardi 30 juin 2020, par Noura Mebtouche

Nous en avons déjà beaucoup parlé (c’est difficile de revenir sans cesse sur les même choses) mais l’enjeu est crucial, surtout en cette fin de confinement, consistant à envisager une nouvelle forme de mondialisation économique qui élimine d’elle-même naturellement, comme structures non efficientes, les multinationales.

Il faut bien garder à l’esprit aujourd’hui, que l’on ne peut pas confondre la notion de multinationale et celle d’internationale.

Sans entrer dans le détail de la théorie économique : comprendre ce que signifie le terme « cycle économique de type Kondratieff » n’est pas difficile.
Ces cycles, d’une durée de cinquante ans, et plus (plus de 10 ans pour celui dont nous allons presque sortir), ne sont pas voués à se renouveler sans cesse.
On peut mettre fin aux cycles.

C’est pourquoi nous avons appelé cet article « après le dernier cycle ».
Un titre qui sonne un peu comme une série télévisée, ou un de ces films de science-fiction qui cherchent à imaginer ce que sera le monde de demain et nous plonger ainsi dans une forme d’hystérie collective.

Les économistes divergent au sujet de la datation même des cycles.
Le dernier cycle Kondratieff commence en 1950Ce cycle est marqué par une histoire et est ponctué de périodes de crises qui n’excluent pas la conformité aux autres cycles (Juglar et Kitchin). Il est ponctué de crises qui annoncent toutes son futur déclin.

Mais ce qui le caractérise avant tout et dès le départ, c’est de puiser son essor et son envol dans le fameux plan Marshall, soit l’aide américaine.

Ce nouveau cycle qui va bientôt commencer pourrait être celui d’un nouvel espoir qui s’annonce, avec la perspective d’une remise en question du système actuel reposant sur le capitalisme, pour d’autres, et ceux-là n’attendent pas le grand soir, mais allongent délibérément l’argent du profit des multinationales pour faire de l’anticipation auto-réalisatrice (la spécialité des hommes du milieu des firmes aussi bien en matière de marchés financiers que monétaires ou d’économie réelle).
Et c’est ce qu‘ils font en ce moment en envisageant d’organiser une aide encore une fois venue des Etats-Unis pour alimenter nos économies européennes malmenées afin de relancer un nouveau cycle qui soit sous leur égide.

La perspective de ce fameux grand soir, avec celle de voir les multinationales disparaitre nous échapperait alors complètement.

Oui mais voilà, comment aurait-on pu imaginer un seul instant, que même dans nos rêves les plus fous, nous allions être confinés et obligés de porter des masques (qui n’existent pas) pendant un temps aussi long, pendant qu’autour de nous, dans un hypothétique brouillard, mouraient les uns après les autres les victimes du virus, et cela, à l’échelle planétaire.

De quoi imaginer un bon scénario, non ?

Ce titre « après le dernier cycle » sonne comme une lueur d’espoir de voir se coïncider sur les échelons politiques, économiques, sociaux et historiques, le début d’un moment important de notre histoire où nous aurions la main sur l’ensemble des rouages de notre société sans exception.

Là où on nous autorise à sortir un 11 mai, de manière complètement arbitraire, comme pour mieux nous rappeler l’interprétation qui va dans le sens de la fatalité de cette sortie, comme pour mieux nous avertir que nous allions subir nous aussi les 11 stations du chemin de croix avant de nous faire crucifier.

Voici ce que nous proposent les multinationales : un monde désabusé, désenchanté, et désespéré (ce qui va avec les trois D de désintermédiation, décloisonnement et déréglementation bancaire) dont notre économie souffre encore, et où le seul projet de société que l’on nous propose, est un suicide collectif.

Les multinationales. uniformes, fabriquant des produits à grande échelle qui se ressemblent tous, segmentant les marchés pour profiter de la main d’œuvre pas chère des pays les plus en difficulté, sans aucune éthique vont-elles continuer à dominer notre monde ?

On est loin alors, d’une internationale qui sonnerait le glas des prises illégales d’intérêt et des injustices sociales au profit de valeurs comme fraternité et éthique.

Multinationale ou internationale ?

Les deux termes riment et vont ensemble. On les confond, il est facile.de les confondre.

Là où certains cherchent à mettre en place une internationale fachiste en Europe (Souvenez-vous : c’était en février 2020, ils se sont réunis à Rome), d’autres se prennent à rêver, à rêver seulement d’une vraie Internationale fraternelle et laïque.

Il faudrait pour que ceux soit celle-ci qui gagne, trouver le chaînon ou élément manquant qui la rendrait forte et incontournable, rendant ainsi le fascisme et le réseau actuel d’économie mondialisé (ils vont d’ailleurs de pair) dérisoires et complètement incongrus. Il y a là une perspective historique profonde qui nous rappelle cette fameuse "fissure du Christ" dont parlait Kotoko Sushui, le fameux anarchiste libertaire, en prison pour caractériser le fossé entre le peuple et les moyens de production.

Les deux mondes (ceux des gens et des multinationales, les chinois parlent de trois mondes, le troisième étant celui des « gens »), se rapprochent et ont des points communs.

Oui mais voilà : ils divisent, hérissent les uns contre les autres, et font reposer le mouvement social sur la lutte et l’adversité, hors du champ de la coopération, une valeur qui est contemporaine.

Nous devons pour mettre fin à ce cycle incessant, bien connaitre les caractéristiques de la multinationale. Celle-ci est parfois camouflée, on ne la reconnait pas tout de suite, comme lorsqu’une moyenne entreprise montée par un citoyen français de la diaspora va s’installer pour mettre en place des énergies renouvelables en Afrique avec dans son capital 50 % des parts appartenant à Total. On comprend ici la stratégie de cet éternel capitalisme qui n’en finit plus de se renouveler, sans cesse et est capable, comme les héros démiurges des légendes grecques, à changer de forme.

On a tout en la matière, à attendre de l’Etat qui n’a que trop traîné pour mettre en place des politiques publiques qui interdisent certaines pratiques et obligent tous les citoyens sans exception à aller dans le sens d’une politique économique qui soit honnête et compatible avec la vie en société, l’épanouissement de l’Etre humain et la préservation de notre capital en matière d’environnement et de paysage. L’après Covid 19 sonne comme un nouveau départ.