Les facilités de la malveillance antirépublicaine

Les facilités de la malveillance antirépublicaine

Vendredi 3 juillet 2020, par André Bellon

Les déclarations réclamant le déboulonnage des statues relèvent souvent de visions simplistes ou de caricatures malveillantes.

Il existe à l’évidence chez certains une stratégie tendant à anéantir l’Histoire de France, réduite à récit univoque, irrigué d’analyses sommaires, parfois fausses, et ne privilégiant généralement que les aspects négatifs. Il est assez piquant de constater que certains des plus actifs militants du déboulonnage veulent nous obliger à penser américain alors que les États-Unis sont plutôt un anti-modèle en matière de racisme, n’ayant reconnu aux Noirs la plénitude de leurs droits civiques qu’en 1964.

Notons que l’histoire démocratique et républicaine de la France, caractérisée, entre autre, par un fort mouvement humaniste hostile à l’esclavage et à la colonisation, a toujours été combattue par des forces réactionnaires, d’abord monarchistes. Les attaques d’aujourd’hui ne sont pas donc pas nouvelles. Elles prennent simplement un nouveau visage tout aussi nocif que les précédents.

Il serait donc particulièrement juste, utile et positif de reprendre le fil de l’histoire progressiste de la France en rappelant, loin des caricatures à la mode, la nature spécifique des relations interraciales qui s’y sont déployées :

- Connaissez-vous Claude Mademba Sy ? Lors de la Libération de Paris, il était le seul soldat noir de la 2ème Division Blindée du Général Leclerc. À la demande du commandement militaire américain, qui en faisait une condition à la fourniture du matériel, l’armée française avait été « blanchie » un an auparavant en prévision de la bataille de France.

- Connaissez-vous Charles N’Tchoréré ? C’était un officier français du Gabon ayant servi dans l’armée française lors des deux guerres mondiales. Pendant la bataille de France en 1940, son unité est encerclée dans Airaines par la Wehrmacht et contrainte à la reddition après plusieurs heures de combat. Alors que les soldats allemands séparent les prisonniers blancs des noirs, considérés par les nazis comme des untermensch (« sous-hommes »), il s’insurge, refuse de s’agenouiller devant l’officier allemand et meurt exécuté sur place d’une balle dans la tête.

- Connaissez-vous Jean-Baptiste Belley, Louis-Pierre Duffay, Jean-Baptiste Mills ? Ils étaient députés à la Convention, l’assemblée nationale de la Révolution, lors de l’abolition de l’esclavage en 1794. Ces trois députés, un Noir, un Blanc, un Métis, furent portés en triomphe par leurs collègues à l’issue du vote unanime qui abolit l’esclavage.

Je proposerai donc qu’au lieu de vouloir détruire un passé souvent plus complexe qu’on ne le dit, on érige des statues à l’effigie de tous ces personnages ou qu’on donne leurs noms à des rues au nom de la fraternité.

1 Message

  • Les facilités de la malveillance antirépublicaine

    Le 13 octobre 2022 à 17:37 par Jean-Daniel PIQUET

    Déboulonner les les statues n’est pas un fait nouveau dans l’histoire de France. Et on ne saurait l’opposer avec la construction d’autres statues dont les noms cité méritent considération. Ces faits relèvent d’un choix politique. Ainsi la révolution du 10 août 1792 a entraîné à Paris la destruction des statues de Louis XV, Louis XIV, Louis XIII et Henri IV. Et avec cette révolution sous l’influence de la Commune de Paris on eut droit l’élection de la première assemblée au suffrage universel masculin, l’abolition presque inconditionnelle le 25 août des droits féodaux sans indemnité, le droit au divorce ; et même fait méconnu le premier geste législatif le 11 août contre l’esclavage colonial : l’abrogation des primes accordées aux armateurs négriers depuis 1784. Les quatre anciennes statues royales, on en comprend les raisons, furent reconstruites sous la Restauration. En France comme aux Etats-Unis le maintien d’une statue n’a pas une valeur historique mais politique ou raciale. L’affaire Georges Floyd n’y aurait pas éclaté si on n’avait pas laissé si longtemps la statue d’un général sudiste (Robert Lee). Laisser au nom de la complexité historique une statue raciste ou colonialiste (Gallieni par exemple) sur la place publique c’est laisser planer une équivoque sur la sincérité d’un combat antiraciste. Si la France n’est pas un pays institutionnellement raciste on sent des pressions médiatiques pour que seul l’antisémitisme fasse l’objet d’une condamnation inconditionnelle.

    Le même problème est posé en Angleterre. Normal qu’on détruise des statues de négriers. Et pourquoi pas celle de Churchill, récemment vandalisée ? Faut-il ignorer ses forfaits en Afrique dans les années 1950 pour citer les plus tardifs - l’écrasement sanglant de la révolte kenyane des Mau-Mau- au nom d’une complexité historique du contexte colonialiste ; laquelle n’existerait pas s’agissant de l’Europe pendant la seconde guerre mondiale.

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