Peut-on raconter n'importe quoi au peuple ?

Peut-on raconter n’importe quoi au peuple ?

Vendredi 11 décembre 2009, par André Bellon

On croit rêver en lisant la tribune du Président de la République dans le journal Le Monde du 9 décembre. Sarkozy se présente, après la votation suisse contre les minarets, en défenseur de la volonté populaire et attaque ceux qui la méprisent en utilisant le qualificatif de populiste.
À le croire, il n’y aurait pas de meilleur démocrate que lui. À l’entendre, il fut quasiment le seul, après le non français au référendum du 29 mai 2005, qui sut comprendre la signification de ce refus et en tirer les conséquences. De qui se moque-t-il ? Il négocia un traité qui ressemble à s’y méprendre au précédent et se garda bien soigneusement de demander au peuple son avis. Il modifia, par la suite, profondément la Constitution sans aucunement la soumettre à un referendum.
Il semble que le vote populaire ne l’intéresse que lorsqu’il s’exprime dans le sens qui l’intéresse. Et lorsqu’il s’affirme opposé au communautarisme et se pose en défenseur de la laïcité, comment oublier que, selon ses propres mots, « l’instituteur ne remplacera jamais le prêtre » et comment ose-t-il alors parler de neutralité ?
Ses appels au peuple ne viennent que pour soutenir ses propres options, jamais pour les contester. Son fameux débat sur l’identité nationale se présente comme une arme contre la laïcité et la République, comme un instrument de division et de radicalisation plus que comme un outil de cohésion et de rassemblement.