Démocratie : regarder enfin le danger en face

Démocratie : regarder enfin le danger en face

Dimanche 18 octobre 2020, par Jean-Louis Ernis

Oui, notre démocratie est en danger et même en très grand danger, à tel point, et sans démagogie, qu’on peut se demander si elle survivra !

Tout ceci n’est pas dû au hasard et les raisons sont multiples. Depuis au moins trois décennies, l’individualisme est instillé sournoisement au détriment de la solidarité, à ne pas confondre avec la charité.

La formule « Je cotise selon mes moyens, je reçois selon mes besoins » est devenue obsolète.

Un exemple parmi des centaines d’autres, celui des mutuelles de santé. Dans les années 80, ont été introduits dans les statuts des mutuelles affiliées à la Mutualité Française, le principe des options (dentaire, ophtalmo …) ainsi que des tarifs différents selon l’âge du souscripteur. Adieu la solidarité, notamment intergénérationnelle.

Ainsi, les assurances commerciales ont pu concurrencer les mutuelles.

La globalisation financière privilégiant la production à moindre coût a eu, et a toujours, des effets catastrophiques sur notre tissu économique, réduisant l’emploi et pesant lourdement sur les salaires. De ce fait, les consommateurs se dirigent vers des produits peu chers, ou tout au moins, moins chers. Tout ceci au seul profit des actionnaires.

Pas besoin d’avoir fait Sciences Po ou l’ENA pour comprendre que quand on met en concurrence l’économie d’un pays démocratique face à une économie pratiquée dans une dictature (la Chine) la première a peu de chance de faire jeu égal ou en détruisant son modèle social. Ce que nous vivons actuellement.

Face à cette politique machiavélique, la classe ouvrière est piégée. Il faut dire que les tenants du capital ont inventé un système d’une redoutable efficacité en plaçant la classe ouvrière en situation d’auto-exploitation. Pendant que celle-ci s’écharpe par l’anonymat que lui offrent les réseaux sociaux, les inventeurs des GAFA, les Zuckerberg, Bezos, Gates …… se font milliardaires avec l’objectif d’organiser des voyages touristiques sur la lune. On croit rêver !

« La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes » disait Churchill. Pour moi, la démocratie par mandat reste le système à privilégier et à défendre.

A partir de là, je raisonne par provocation. Dans une dictature ou un régime autoritaire, le peuple n’a à s’occuper de rien, c’est une caste qui dirige, rarement dans l’intérêt du plus grand nombre, à vrai dire jamais. Dans un régime démocratique, ou tout au moins de libre expression, les intérêts différents s’expriment et s’opposent. Aujourd’hui, les tenants du capital s’organisent à merveille pour servir leurs propres intérêts. Par contre, la classe ouvrière se disperse sur des sujets sociétaux dont certains sont inquiétants.

S’agissant de la formule du « … droit à la participation de tous et non de quelques-uns à la vie publique … », que je sache, il reste des espaces d’expression qui sont désertés par les citoyens. Les réunions des exécutifs municipaux, communautaires, départementaux, régionaux, sont publiques. De plus, avec la COVID 19, elles sont retransmises en direct et stockées sur Internet.

Hélas, elles sont peu fréquentées et pourtant ce sont des observatoires très intéressants, très formateurs. Il suffirait que des femmes et des hommes de bonne volonté organisent des équipes - la loi de 1901 sur la libre association le permet - pour assister, écouter, analyser et s’organiser. Ainsi le contrôle du mandat octroyé aux élus (es) serait assuré.

Début 2019, j’ai participé aux réunions dites du Grand Débat organisées par le maire de ma ville, non pas par croyance en ces bidules, mais pour constater l’état de réflexion de la population. J’ai été effaré par les discours tenus, anti-vaccin, trop d’impôts (au lieu de dire impôts mal répartis) RIC ! Il suffit de constater l’engouement du public sur l’affaire de l’aéroport de Paris ! J’ai même vu les Gilets Jaunes refuser de s’asseoir aux côtés de celles et ceux qui n’étaient pas affublés de ce symbole vestimentaire. Par ailleurs, où sont donc passés les leaders des GJ ? Curieusement, quelques mois plus tard, certains figuraient sur les listes RN aux élections municipales de mars 2020.

Pour résumer, ce qui manque aujourd’hui au peuple, c’est une maturité politique. C’est pourquoi je préconise l’ouverture de Bourse de formation à la politique à l’image des Bourses du Travail de Pelloutier. Une formation théorique serait dispensée par des femmes et des hommes convaincus des valeurs sociales et laïques de la République et la formation pratique se ferait par le suivi des séances des exécutifs.

La parole au peuple, oui, mais à la condition que le peuple soit responsable politiquement. Aujourd’hui force est de constater qu’il ne l’est pas, puisque son seul réflexe est de se réfugier dans l’abstention.

C’est peut-être difficile à entendre, mais c’est la triste réalité. Nier cette évidence ne peut conduire au changement.

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