La bataille est aussi morale
Jeudi 16 février 2023, par , ,
A Auschwitz, l’Occident a perdu une bataille morale. Commémorer la libération du camp d’Auschwitz était évidemment nécessaire. Mais, en refusant d’y inviter la Russie qui en avait été le libérateur, les Occidentaux ont changé la nature de l’événement. Déjà, en 2015 lors du 60ème anniversaire, le chef de la diplomatie polonaise avait affirmé, contre toute réalité historique, que les Ukrainiens, et non l’armée de l’URSS, avaient libéré le camp d’Auschwitz. Tous ces comportements ont fait d’Auschwitz un enjeu de politique internationale.
La fin de la seconde guerre mondiale et le grand procès de Nuremberg qui l’a suivie ont signifié qu’il avait existé un mal total, que les camps de la mort étaient hors de toutes les règles communes. La négation de l’humain qui y régnait était un absolu dramatique dominant toute autre considération. C’est alors qu’est née en droit, puis s’est imposée dans la pensée, la notion de crime contre l’humanité.
En soumettant cette commémoration à des considérations géopolitiques, les organisateurs détruisent cet absolu, le relativisent. Il s’agit là d’une catastrophe morale déstabilisatrice qui pèsera longtemps sur le camp de ceux qui restent persuadés de détenir le bien.
par André Bellon, Ancien Président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Bernard Teper, Co-animateur du Réseau Éducation Populaire, Samuel Tomei, Historien.
Cet article a aussi été publié dans la revue politique et parlementaire par le lien