L'Association pour une Constituante interroge l'Assemblée nationale

L’Association pour une Constituante interroge l’Assemblée nationale

Dimanche 11 avril 2010, par Association pour une Constituante

Suite aux déclarations bien peu républicaines de Bernard Accoyer, Président de l’Assemblée nationale, l’Association pour une Constituante a envoyé une lettre à tous les Présidents des groupes politiques pour connaître leurs réactions. Nous avons jusqu’alors reçu la réponse de François Sauvadet, Président du groupe Nouveau Centre. Jean-François Copé, Président du groupe UMP a, par ailleurs, accusé réception de notre lettre.
Nous publions ci-dessous notre lettre et la réponse de François Sauvadet

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Le Président de l’Association pour une Constituante
aux Présidents des groupes de l’Assemblée nationale

Monsieur le Président,
Profondément attachée à la défense de la République, de la souveraineté du peuple et du suffrage universel direct, l’Association pour une Constituante a été particulièrement choquée par les déclarations du Président de l’Assemblée nationale le 12 janvier dernier.
Rendant hommage à Philippe Séguin, Bernard Accoyer a souligné de façon positive le fait que ce dernier ait écrit un livre dans lequel, « rompant avec la tradition héritière de Victor Hugo, il entreprit de réhabiliter la mémoire de Napoléon III, substituant au personnage caricatural de Badinguet la vision d’un empereur moderniste et soucieux du bien commun, qui équipa et enrichit la France ».
Prendre parti pour l’auteur d’un coup d’État dont le premier acte fut d’arrêter des députés, fusiller et déporter nombre d’opposants et, dans le même temps, critiquer Victor Hugo qui lutta pour la République et dut s’exiler pendant 18 ans est inadmissible de la part du Président de l’Assemblée nationale de la République française.
On peut comprendre qu’il n’y ait pas de protestations durant l’hommage funèbre, mais nous aimerions savoir si vous entendez réagir à cet évènement particulièrement grave.
Veuillez croire, Monsieur le Président, à l’assurance de nos sentiments distingués.

André Bellon
Président de l’Association pour une Constituante

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Réponse de François Sauvadet

Monsieur le Président,

C’est avec un grand intérêt que j’ai pris connaissance de votre lettre du 19 janvier, attirant mon attention sur les opinions différentes portées sur le rôle et l’action de Napoléon III.
Il est incontestable que la personne de Napoléon III, premier Président de la deuxième République française et troisième empereur français, dernier de nos monarques, a suscité des jugements autant passionnés qu’opposés.
D’un côté, la très vive opposition de Victor Hugo à Napoléon III est restée célèbre au travers de plusieurs textes qui participent avec de multiples pamphlets, ouvrages critiques et caricatures d’autres auteurs, à l’élaboration d’une légende noire autour de Napoléon III et du second Empire, mettant notamment l’accent sur le coup d’État. D’un autre côté, et plus tard dans le temps, l’analyse des historiens est devenue plus nuancée et plus globale au début du vingtième siècle.
Pour moi, il est évident que la condamnation du coup d’État ne souffre aucun argument contre elle, comme la fin donnée à la deuxième République par son premier Président est tout aussi condamnable. Par ailleurs, on ne peut contester le caractère positif de l’œuvre économique et sociale du Second Empire. Après la seconde guerre mondiale, les travaux des historiens, notamment ceux effectués par Adrien Dansette et Louis Girard, définitivement éloignés des a priori idéologiques des générations précédentes, ont marqué un véritable tournant dans la compréhension du dernier empereur des français. Comme pour tout sujet, c’est donc la mesure et la nuance qui doivent caractériser notre jugement.
En vous remerciant de votre attention, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de mes sentiments les meilleurs.

François Sauvadet
Président du groupe parlementaire Nouveau Centre