La novlangue des bisounours

La novlangue des bisounours

Jeudi 29 avril 2010, par André Bellon

Interrogé sur France Culture à propos de la question grecque, ce jeudi 29 avril 2010, un député vert au Parlement européen a regretté qu’il y ait, en Europe, un «  déficit de capacité de solidarité  ». Ce charabia peut faire sourire. Mais il est très révélateur de l’évolution du discours et donc de la pensée politiques.
Outre l’abus ahurissant du mot déficit qui marque la prégnance des visions comptables dans tous les aspects de la vie, de telles formules sont typiques de la novlangue nécessaire à la présumée « bonne gouvernance » ; car, après tout, un déficit, en termes comptables, suppose l’existence d’un actif. Ce nouveau langage est celui des bisounours [1] qui, sans en avoir conscience, légitiment le système même alors qu’ils paraissent le critiquer.
Car il faudrait une sacrée dose d’aveuglement pour ne pas voir que la construction européenne, particulièrement depuis Maastricht, Amsterdam et le TCE (rebaptisé « de Lisbonne ») se soucie comme d’une guigne des difficultés sociales et des inégalités, qu’elle détruit tous les instruments de solidarité, en particulier les services publics, et qu’elle ne s’enthousiasme qu’à la vue de ceux qui réussissent en écrasant les autres. Au nom de la concurrence « libre et non faussée », bien sûr !
Alors, la seule chose à dire est d’appeler un chat un chat et non « un animal domestique ronronnant pour le bonheur du foyer –surtout s’il est coupé, bien sûr- ». L’union européenne est devenue un instrument antidémocratique, antisocial et qui ne s’intéresse à la solidarité que lorsque son existence même est en jeu…………et que ça peut rapporter à ceux qui vont « aider ».
La vraie question, la seule évidemment qui n’est pas posée, est de savoir pourquoi ceux-là mêmes qui ont mené la politique qui a conduit au désastre -et qui, souvent, en ont profité- vont être chargés de gérer la suite, en faisant d’ailleurs payer les victimes de leur propre politique.
Face à de tels enjeux, on ne saurait couvrir le refus d’agir par des prêches moralistes.

La lutte pour la solidarité suppose la clarification, tout particulièrement la réaffirmation de la souveraineté populaire.

Le 29 mai 2010, célébrez le vote des français le 29 mai 2005 ! (voir communiqué du 12 avril)