Que faire quand l’archaïsme nous assaille ?
Vendredi 20 mai 2011, par
La roche Tarpéienne est proche du Capitole ; la maxime trouve, ces jours-ci, une nouvelle jeunesse. Bien sûr du fait des ennuis de Dominique Strauss Kahn, mais surtout car cette affaire révèle le caractère archaïque de nos institutions.
Une démocratie permet d’exprimer la solidarité envers un homme, d’exiger le respect de la justice ; elle ne peut sombrer dans la panique du fait des ennuis d’une personne. C’est pourtant ce qui se passe depuis que DSK a été arrêté à New York. En fait, l’événement met le monde politique français face à sa propre image, devant sa propre inadaptation aux enjeux.
Depuis l’arrestation du favori des sondages, c’est l’affolement. Le PS, qui explique habituellement que l’essentiel est le programme, se retrouve bien démuni en l’absence de son seigneur putatif. L’UMP reprend en revanche espoir, même si la disparition du vainqueur présumé n’empêche pas son candidat d’être aussi mauvais qu’avant. Mais le jeu est ainsi fait qu’il y aura un gagnant et que, si ce n’est pas l’un, c’est l’autre. Quant aux partis dits petits, ils ne peuvent que supputer leurs chances de gagner quelques points dans ce nouveau contexte.
Et les citoyens dans tout ça ? Ils deviennent au mieux (télé)spectateurs de leur propre avenir. Et lorsqu’ils expriment leur désaveu devant un pouvoir qui leur est de plus en plus étranger, ne voit-on pas les principaux porte-parole du monde politique se présenter comme à nouveau porteurs de la solution ?
Comment appeler Démocratie un système où s’affrontent des équipes en recherche de l’homme providentiel à qui on confira sans contrôle les clefs du pouvoir ? Comment dénommer République une organisation tellement personnalisée que les partis politiques s’agenouillent et demandent aux électeurs de s’agenouiller devant le résultat de sondages plus que discutables, souvent d’ailleurs trafiqués par leurs propres adversaires ? Comment encore parler de citoyenneté lorsque les médias décident qui est populaire ou pas, au mépris de toute évidence et surtout de toute vérification par les urnes, à tel point que certains imaginent déjà les moyens de s’en passer : tirage au sort, jugement dit majoritaire évoqué par Terra Nova,…
Dans un tel contexte, un boulevard s’ouvre à l’extrême droite. La diaboliser ne sert à rien. Il faut, avant tout, répondre aux revendications du peuple, au besoin qu’ont les citoyens de retrouver leur rôle politique normal en démocratie.
Si nous défendons le principe d’une Assemblée Constituante, c’est justement parce qu’elle est, dans ce contexte, la voie de sortie démocratique, rassembleuse et pacifique face à la profonde crise institutionnelle qui s’approfondit jour après jour.