Du respect... par Merkel et Sarkozy

Du respect... par Merkel et Sarkozy

Mercredi 8 février 2012, par Association pour une Constituante

La récente rencontre, à Paris, d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy – qu’une presse complaisante surnomme affectueusement Merkozy –, illustre la nouvelle conception des rapports internationaux autant qu’un nouveau type de relations politiques dans les États.

Alors que la situation économique est marquée par une forte dégradation de l’ensemble des indicateurs, par des discours politiques en changement perpétuel et par des analyses aléatoires et souvent erronées, alors que les traités européens successifs ne sont que des adaptations fragiles aux déséquilibres immédiats de l’économie mondiale, le discours officiel appelle avec emphase au respect des textes signés à Bruxelles. Lesquels sont de plus en plus difficiles à cerner tant on accumule les amendements et les ajouts après des marathons théâtralisés de négociations opaques et lointaines. Le traité de demain fera vite oublier celui d’aujourd’hui.

Dans l’immense désarroi qui caractérise l’attitude des dirigeants qui n’en perdent pas moins une forte propension à jouer les fiers à bras sentencieux, le président français et de la chancelière allemande cherchent à faire montre de pugnacité et de continuité. Mais la seule volonté perceptible chez eux est celle qui consiste à demander qu’on les laisse diriger sans contrainte. Hors de question de troubler leur action – si essentielle pour l’Europe et peut-être même le monde - par ce qu’ils considèrent comme des futilités.

Futilité évidemment, chacun l’aura remarqué, que l’aggravation de la crise sociale. Futilité également que cette volonté populaire qui prétend s’opposer aux« nécessités » financières et aux « réalités de l’économie » perçues par des marchés qu’il faut sans cesse« rassurer » comme des enfants. Le respect de la parole donnée est fondamental vis-à-vis des marchés financiers, mais pas vis-à-vis des peuples ; le mépris manifesté après le non au Traité constitutionnel européen en 2005 est là pour le rappeler.

Futilité enfin et surtout sans doute que de penser qu’il peut y avoir une politique décidée démocratiquement quelque part et en l’occurrence dans notre pays. Le soutien apporté par la chancelière allemande au président Sarkozy, non-candidat en campagne, rompant avec une tradition de non ingérence dans les affaires intérieures des États, est symbolique d’une nouvelle donne. La règle commune définie par les classes dirigeantes en leur sein a valeur juridique supérieure à la volonté populaire.

Le dévoiement du mot respect caractérise donc ce nouveau monde. Seul le citoyen n’est pas respecté.

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