La souveraineté nationale appartient au peuple - Article 3 de la Constitution

La souveraineté nationale appartient au peuple - Article 3 de la Constitution

Mercredi 18 novembre 2015, par André Bellon, Tribune libre

L’article ci-dessous a été publié le 15 janvier suite aux attentats meurtriers du 7 janvier. Il n’a malheureusement rien perdu de son actualité. Tout au plus peut-on, au vu de la barbarie qui vient de frapper à nouveau, regretter qu’on ait imposé à ces millions de personnes, une improbable cohorte de chefs d’Etat, dont pas mal d’entre eux étaient bien loin des formes démocratiques et républicaines que cette manifestation prétendait défendre. Il appartient au peuple de défendre sa souveraineté.

***


La souveraineté nationale appartient au peuple

Article 3 de la Constitution

Oui, l’horreur est apparue en France.

Oui, une liberté essentielle, celle de la presse, a été sauvagement attaquée.

Oui, des manifestations populaires exceptionnelles ont eu lieu les 10 et 11 janvier.

Quelles conclusions, quelles conséquences ?

Quelle que soit l’apparente unité qui entoure l’autorité de l’Etat dans ces circonstances, il est néanmoins permis de penser que le sens et à la portée de ces évènements sans précédent dépasse la simple relation des citoyens avec le pouvoir en place.

Sans précédent ? En France sans doute. Mais rappelons-nous en 2011 en Norvège. Deux attentats ont couté la vie à 92 personnes, des jeunes militants travaillant paisiblement et sans défense ont subi une chasse à l’homme, tentant de se cacher sous le feu d’armes automatiques. La population norvégienne s’est alors mobilisée sur un mot d’ordre : davantage de démocratie, considérant que c’était grâce à la place et au rôle légitimement détenus par les citoyens, membres d’un corps social et acteurs de la vie publique, qu’on pouvait le mieux répondre aux dangers.

Quel est le sens des manifestations françaises ? Au-delà de l’émotion et du légitime deuil collectif, on n’en sait rien de façon certaine. Ce n’est qu’avec le temps et dans l’action que l’on pourra donner une réponse. Certes, nombre de commentateurs ont déjà apporté, voire imposé, la leur. Mais quelle est celle des manifestants ? La réponse était-elle la même dans la spontanéité des 7, 8 et 9 janvier, dans les marches du 10 en province et dans celle du 11 à Paris ? Quel sens a eu finalement cette dernière alors qu’on cherchait à la faire entrer en force dans les jeux politiciens et derrière des chefs d’Etats étrangers dont certains sont plus connus par leurs pratiques antidémocratiques que par leur goût de la liberté ?

On ne compte pourtant plus les analyses plus ou moins subtiles expliquant la vie aux manifestants. Avant toute analyse supplémentaire, faisons une remarque générale. Si nombre de commentateurs expliquent les motivations qui ont porté les manifestations, plus aucun ne reprend les antiennes habituelles selon lesquelles le peuple est stupide, ne comprend rien, a besoin de béquilles et n’est porteur que de pulsions rétrogrades. Tout au plus se hasardent-ils à dire que ce peuple, qui donc soudainement retrouve existence dans leur bouche ou sous leur plume, affirme uniquement son besoin de sécurité, ce qui, fort opportunément, correspond au discours des responsables nationaux.

S’il est bon alors de dire et de répéter que les manifestations des citoyens étaient républicaines, encore faut-il expliciter ce que ce mot signifie. Car, si le monde politique, dans son ensemble, se proclame républicain, la chose apparait plus, chez beaucoup de ses membres, comme un rituel que comme une vraie référence politique. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) permet d’éclairer les principes républicains. Elle dispose, en son article 2, que les droits naturels et imprescriptibles de l’Homme… sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

Le droit à la sureté peut-il exister sans une éducation nationale permettant à tout citoyen d’être acteur de la communauté nationale ? Une éducation nationale capable de montrer la force de la laïcité dans la consolidation de l’unité nationale face à l’arbitraire du communautarisme.

Peut-on parler de politique pénale sans souveraineté populaire ?

Le droit de propriété peut-il avoir sens sans droit au travail, le droit à la liberté sans une justice impartiale ?

Enfin, la résistance à l’oppression n’est-elle pas le droit de s’insurger contre le coup d’Etat qu’a représenté le traité de Lisbonne, bafouant le vote des français le 29 mai 2005 contre le Traité Constitutionnel Européen ?

Au-delà donc des déclarations tonitruantes sur le sens profond des appels lancés par les manifestations, ne peut-on penser qu’un appel républicain était aussi sous-jacent, celui qui consiste à dire « Nous voulons être le peuple, et nous en demandons les droits, au premier rang desquels la souveraineté ». Appel évidemment contradictoire avec les tentatives pathétiques de récupération, mais appel qui demanderait à être enfin entendu. Faute de quoi la solution à la crise politique sera de plus en plus recherchée par l’affirmation de méthodes toujours davantage autoritaires.
Bonapartisme ou Constituante, telle est l’alternative.

André Bellon

8 Messages

  • La souveraineté nationale appartient au peuple - Article 3 de la Constitution

    Le 15 janvier 2015 à 19:33 par desvouas

    Peut être que cet événement sera le point de départ d’un mouvement qui verra le peuple se récupérer lui même en excluant la Meute qui tente de le faire en son nom ... Ce serait aussi le signe d’une maturité populaire rendant l’avènement d’un processus Constituant envisageable comme alternative plausible et souhaitable à toutes les fausses alternances gauche<>droite.

  • La souveraineté nationale appartient au peuple - Article 3 de la Constitution

    Le 15 janvier 2015 à 19:54 par christian berthier

    Merci André pour ce "calage". Du point de vue de la capacité d’initiative du peuple français, les 4 (?) millions de manifestants montrent que le peuple peut se bouger et comprendre quand cela en vaut la peine...Au point de faire apparaitre les autorités françaises et étrangères serrées les unes contre les autres comme de minables "suceurs de roue", des récuperateurs infiltrés. Tout le monde a fait mine d’oublier un contexte de crise économique et sociale qui n’est pas pour rien dans l’émergence d’une volonté populaire de devoir "se bouger". Le peuple bouge parce sa situation sociale empire et que la France politique d’en haut montre ostensiblement qu’elle n’en n’a rien à faire. Les élus, des plus "grands" aux plus petits sont maintenus par les préfets dans une soumission couarde, style "après moi le déluge". Sitot faits, les budgets doivent être refaits et tant pis si ça râle ! Et voici que le gouvernement part en guerre au dedans, au dehors. Alors on intime aux enseignants d’expliquer aux jeunes la tolérance, la laicité, le partage et le contrat républicain. Montaine l’a très bien écrit " que philosopher c’est apprendre à mourrir". Mais les jeunes et le peuple ne veulent pas des mots : ils veulent des faits, de quoi vivre, se nourrir, se loger, travailler, se soigner, étudier, se distraire. Le message d’en haut n’est pas un remède à la misère, malgré le dévouement des profs. Et pire, en multipliant les opérations militaires et les coups de menton, le gouvernement ranime les images de la France coloniale, catholique, esclavagiste, arrogante à l’encontre des mêmes peuples dont les enfants sont maintenant sur-représentes dans nos villes. Ce contrat social se rompt avant d’avoir été signé. La France d’en haut se survit. Re-constituer le peuple "en corps", le réunir et débattre en proximité, faire élire des constituants porteurs des problèmes et propositions à débattre en une assemblée constituante est devenu une urgence politique. Ne l’oublions pas : l’Europe n’est plus le centre du Monde. La France n’est plus maitre des armes ; aura-t-elle la force d’être celle des lois ?

  • La souveraineté nationale appartient au peuple - Article 3 de la Constitution

    Le 16 janvier 2015 à 04:30 par Troy1

    Nous sommes tout simplement dans un processus de Coup d’Etat, de golpe policier !...La meilleure preuve en a été apportée en fin de soirée, jeudi 15 janvier 2015 : l’inversion à 180° de l’émission "Complément d’enquêtes" sur France2 !... On avait assisté à bien des censures, par la déprogrammation-surprise d’émissions pourtant "garanties" de diffusion !... Cette fois, c’est un "cul par dessus tête" ( comme dirait Mme de Sévigné) , un retournement de veste spectaculaire !...

    Le titre initial était : "Violences, bavures ; quand la police nous fait peur" !... Elle s’est transformée en une opération d’apologie de la police !... Exactement comme si MM. Valls puis Cazeneuve avaient pu restaurer la police de proximité chère à Lionel Jospin ( et à Bernard Tapie ! ) détruite par la bande à Sarkozy !... J’en serais personnellement très heureux , mais c’est très peu vraisemblable !... Comment expliquer alors le choix du précédent titre ... si promptement escamoté !...

    à la place, des flics qu’on embrasse, qu’on applaudit , y compris les gardes mobiles !... ( Certes, cela ne devait pas se dérouler à Longwy ...) 3 morts semblent avoir fait oublier la longue liste d’exactions commis dans l’Hexagone, y compris depuis le retour des Socialistes au pouvoir !... De plus, ce ne sont pas n’importe quels flics qui se sont faits tuer : une femme de couleur et deux "Arabes" ( ou Kabyles ) !... Au jeu d’échecs, on digne comme "gambit" le pion sacrifié !... Des policiers mal-notés que l’on avait relégué à la "protection" de ces racailles d’anarchistes ?... Transformés en héros, les poulets !... Mais ils ne lâchent pas leurs pistolets mitrailleurs B&T APC9 ( Suisses, comme il se doit ! ) pour autant !... Ce serait pourtant l’occasion de créer ( à contre-courant ) une nouvelle dynamique pour la légende de la " Police sans armes" qui permettrait d’abaisser plusieurs crans dans la culture criminelle de notre pays ( qui avait pourtant chuté de plus de 30% au cours de la première décennie du XXI° siècle !...)

    Manifestement, c’est à une nouvelle offensive des pulsions de l’Arbitraire que nous découvrons : menaces sur la Toile, idem sur les Citoyens !... La seule bonne nouvelle est que ces derniers ne suivent pas le raidissement de la classe dirigeante, qui se sent de moins en moins à l’aise dans une évolution où ses privilèges sont manifestement obsolètes !... L’Autorité est contestée de partout et même les "terroristes" ne sont pas convaincants : ils ont l’air de surgir de jeux de rôles vidéo et leur "Armée Islamique" ressemble beaucoup à une secte US apocalyptique de la période Bush !... ( Dès 2004 et les débuts de la Résistance , a surgi ( "des sables du désert" ... ) une "Armée Islamique en Irak" que les dépêches de Réseau Voltaire dénonçaient comme une organisation-croupion, fabriquée par la CIA, pour infiltrer et compromettre la Résistance et disposer ainsi d’un ( pseudo ) "interlocuteur" en cas de négociations ( forcées ) !... )

  • La souveraineté nationale appartient au peuple - Article 3 de la Constitution

    Le 16 janvier 2015 à 09:22 par Yvan Bachaud

    OUI, mais il ne dispose pas du seul outil institutionnel qui lui permettrait de l’ exercer : Le référendum d’ initiative citoyenne en toutes matières y compris constitutionnelle et de ratification des traités.
    Dans une véritable démocratie c’est à dire un système politique dans lequel le peuple démos a le Pouvoir Kratos, peuple doit évidemment pouvoir intervenir dans tous les domaines dans lesquels ceux à qui il a déléguer pour un temps son pouvoir le font.

    Dans un état de droit, la souveraineté nationale, c à d le Pouvoir avec un grand "P", ce ’est pas donner un chèque en blanc pour 5 ans à des candidats désignés par d’autres , sans pouvoir reprendre la parole quoique fassent les élus ! C’est disposer de l’initiative et du vote de la LOI par référendum d’initiative citoyenne.
    En France nous n’en disposons pas bien que 82 à 88% des Français y soient favorables et que l’article 6 de la DDHC de 1789 nous dit que " La loi est l’expression de la volonté générale..." !!!
    Lors des législatives de 1993 tous les partis du PCF au FN l’avaient dans leur programme.. :-( Voir la position des partis sur http://www.article3.fr/informations/le-ric-dans-les-programmes-des-partis .

    Etant 48 millions d’adultes, les citoyens ont toutes les compétences en tous domaines pour élaborer les réformes profondes et justes dont la France a grand besoin et pour leur donner force de loi si l’assemblée nationale refusait de les adopter en l’état.

    La France doit- en toutes matières - prendre des mesures pour le long terme. Pour cela l’existence préalable du RIC est indispensable. C’est une urgence. En effet si la Majorité adopte une réforme profonde et qu’ elle n’est pas soumise à un RIC abrogatif ou si celui-ci échoue, la réforme ne sera pas détricotée à la prochaine alternance ce qui lui garantit donc 10 à 15 ans d’existence.Le peuple pouvant cependant intervenir à tout moment si besoin était !
    Si la loi est immédiatement abrogée le gouvernement devra revoir sa copie avec une véritable concertation . Le RIC garantit une véritable concertation et une stabilité juridique importante pour investir sur notre avenir ;
    La priorité pour tous les démocrates est donc de se rassembler pour arracher - au plus vite- le RIC dans l’article 3 de la Constitution et en tous cas AVANT la Présidentielle , car c’est la SEULE GARANTIE que les promesses des candidats seront soit tenues par l’élu et sa majorité soit seront soumises à RIC par des citoyens les estimant bénéfiques et le peuple DEVENU enfin SOUVERAIN tranchera.!
    Plus de 2O ANS pour tenir une promesse cela devrait suffire, non ?

  • La souveraineté nationale appartient au peuple - Article 3 de la Constitution

    Le 17 janvier 2015 à 15:56 par catonne

    Je souhaiterais que soit bien précisé que "souveraineté nationale" signifie "souveraineté populaire" car ce terme est abusivement exploité par les forces de droite extrême style mouvement de Dupont -Aignan ou plus pernicieusement par les forces d’extrême droite, et cela nuit à la compréhension et à l’unité de toux ceux qui souhaitent une assemblée constituante et une nouvelle république plus démocratique.
    Catonne

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