Que la guerre est jolie !

Que la guerre est jolie !

Jeudi 7 mars 2024, par André Bellon

Guerre et démocratie

En dépit des critiques venant aussi bien des Etats-Unis que de ses partenaires européens, Emmanuel Macron persiste à suggérer une intervention directe en Ukraine. Il semble fasciné par la guerre. Il semble vouloir y entrainer certains des Etats européens, se positionnant ainsi comme chef d’un petit axe du bien.

Laissons de côté la psychologie agressive du président français. Intéressons-nous plutôt à ce que cela révèle du fonctionnement de nos institutions. Voila plusieurs années que les présidents successifs engagent la France dans des aventures militaires qui, à tout le moins, méritaient un débat public.

L’article 35 de la Constitution stipule que « La déclaration de guerre est autorisée par le Parlement ». Aujourd’hui, le problème est qu’on ne déclare plus la guerre : on passe à l’acte en décidant une Opex (opération extérieure) sur laquelle le parlement ne se prononce qu’au bout de 3 mois. Il serait donc temps de constater qu’aussi bien lors de l’intervention en Lybie qu’à la veille d’un engagement en Syrie -qui n’a finalement pas eu lieu vu les décisions américaines-, le Parlement n’a joué strictement aucun rôle, en tous cas pour l’engagement initial. L’intervention en Libye, pour sa part, est l’exemple de l’échec de ces aventures militaires organisées en petits comités, le parlement n’ayant eu droit à être consulté qu’au bout de 4 mois.

La nouveauté dans les ambitions guerrières de Macron est qu’elles se situent en Europe et face à une puissance nucléaire alors même, d’ailleurs, que les Etats-Unis, pilier de l’Otan, marquent leur réticence. « C’est notre guerre ou c’est pas notre guerre », déclame Macon en boucle. Notons le « nous ». Car si le collectif est à l’ordre du jour, il apparait nécessaire, à l’évidence, que le débat ait lieu au sein du peuple Français qui est justement le « nous ». Or, à part une avalanche de tweets et d’éditoriaux largement orientés, personne ne sait ce que pense le « nous ».

La pensée de la présidence et du gouvernement n’est pas plus claire. Face à ce qu’il faut bien appeler un tournant historique, la France, engluée dans des discours contradictoires sur la souveraineté, fait semblant d’exister encore sur la scène internationale. Y a-t-il encore une diplomatie française ? On peut vraiment en douter. Les positions bien incertaines d’Emmanuel Macron s’inscrivent, de toute évidence, dans le cadre d’une crise politique. En quoi cela facilite-t-il l’expression des citoyens ?

Aujourd’hui, tous les problèmes s’entremêlent : la question des institutions, la crise politique, la démocratie. L’expression solitaire et guerrière ne saurait répondre à un pareil défi.

Voir aussi https://www.destimed.fr/tribune-dandre-bellon-guerre-et-democratie/

5 Messages

  • Que la guerre est jolie !

    Le 7 mars à 22:17 par Denys RENAUD

    La France, déjà devenue sur la scène internationale depuis Sarkozy un gnome politique, n’est plus désormais avec Macron qu’une ombre chinoise.
    Notre corps diplomatique ayant, par décision du prince, été supprimé, la seule politique extérieure qui reste à la France se résume à alignements ou sanctions et à présent gesticulations d’un autocrate va-t-en-guerre. En attendant d’en changer la question serait de savoir si la France aujourd’hui a encore une constitution, si notre président en a entendu parler et si les Français sont au courant.

  • Que la guerre est jolie !

    Le 8 mars à 09:14 par jean louis caillaudeau

    Il est temps de se rendre compte que la France n’est plus la puissance qu’elle a été face aux changements de ce monde et la venue des puissances "émergeantes". La seule possibilté qui lui reste pour sa sécurité est de participer à la constitution d’une défense européenne si tant est que nos partenaires soient capables d’y participer , bien sur . C’est une réalité qui devrait sauter aux yeux de la vieille europe au lieu de se gargariser avec des vestiges qui appartiennent à l’histoire désormais . Cela n’empêche pas de penser à une nouvelle constitution pour la politique intérieure de notre pays pensons donc plutôt fédération en quelque sorte . Ce n’est pas la première fois ou cette question se pose depuis la création de l’U.E mais Poutine et Trump nous donnent l’occasion de réaliser ce que nous sommes.

  • Que la guerre est jolie !

    Le 11 mars à 13:26 par Jeff

    Que la guerre est jolie...quand on est assuré de ne pas la faire soi-même et d’échapper largement à ses conséquences désagréables... Et surtout quand il s’agit de faire oublier l’état calamiteux de la situation économique et sociale sur fond de contestations virulentes, après les "gilets jaunes", les retraites, puis les agriculteurs, à qui le tour ? Avec en plus la proximité des élections au "parlement" européen et la Bérézina qui y attend probablement le parti au pouvoir, quoi de mieux que de saturer le débat avec l’Ukraine ? Bref c’est surtout de la com’, quoi qu’il faudrait se méfier quand même de ce qu’on raconte et des conséquences éventuelles de ces gesticulations bellicistes.

    Quand à l’Europe communautaire il n’a jamais été envisagé d’en faire un état, c’est une zone de libre-échange sous la houlette d’une bureaucratie supra nationale non élue qui veille au règne de la concurrence "libre et non faussée" entre ses membres. C’est même la négation de la politique, réduite à la gestion, et de la démocratie toujours suspecte de dérives "populistes" et irrationnelles.

  • commentaire à Que la guerre est jolie !

    Le 3 avril à 19:42 par lena

    J’ai toujours été d’accord avec l’esprit critique contre les va-t-en guerres mais reste consciente des risques actuels internationaux démultipliés.
    Aussi, il vaut mieux prévoir que guérir et compte tenu de l’évolution de la géopolitique du 21 è siècle avec les evolutions technologiques et numériques dominantes actuels dont les propriétaires sont déjà hégémoniques et parfois se croient tout puissants, cela reste très inquiétant. Nous sommes même arrivés , il me semble, à un point de non retour.
    La situation est très périlleuse, elle peut décider du meilleur comme du pire. Et là, il ne va pas falloir se replier sur soi, même si c’est de plus en plus tentant. Par contre exiger des garanties sur les orientations fondamentales et initiales de démocratisation en Europe pour avancer au lieu de reculer.( impôts, suppression des paradis fiscaux et protectionnisme contre les normes différentes, Exigence de normes essentielles fondamentales identiques, démocratiquement diffusées puis respectées pour garder la santé au travail ), cela devrait rester une base de revendication commune tant national qu’international pour recadrer toutes ces hégémonies acquisent par la force dominante numérique dans les mains d’une minorité d’en haut, soutenue par les armées et la corruption assujettissante.
    Un refus net de coopération - et non de collaboration ultra capitaliste - envers les peuples des pays limitrophes ne peut que faire ressurgir plus tardivement et reporter cet assujettissement aux marchés internationaux mondiaux sans encrage national de bases pour faire respecter notre humanité collective et environnementale partout dans le monde, s’il en est encore temps, le suivisme historique ayant fait déjà bcp de ravages, et la raison n’ayant pas été toujours au RV.
    À ce sujet, est- il véritablement démocratisant que de ne concevoir la démocratie que dans le prisme exclusif de l’hexagone selon des principes du passé colonial avec la bénédiction de cet ultra capitalisme numérique sauvage ? Je ne le pense pas. Il n’est alors plus vraiment étonnant que des pays d’Afrique s’en détourne.
    Je suis pour ne pas donner du grain au moulin de l’incompréhension entre les peuples pour leur permettre de se rassembler quand ils en ont besoin, sans les uniformiser obligatoirement, leur Histoire n’étant pas identique, au lieu de les diviser et de les éloigner pour renforcer les différences apparentes au lieu de leur faire retrouver leur humanité collective mutuellement. La démarche est certes, nettement moins évidente à accomplir, car le pré n’est pas carré !!! Cela ne signifie pas pour autant d’être contraint à renoncer à la construction fondamentale de notre pays, mais de mettre de l’eau dans son vin dit " démocratique " mais de plus en plus représentatif excluant.
    Je voudrais me tromper pour les générations déjà en route. Et je voudrais les aider à surmonter ce marasme qui les attend, en revenant vers le supportable voir bientôt meilleur pour le rééquilibrage des forces devenant souvent destructrices en mouvements permanents lorsque le culte de l’individualisme dépasse les intérêts communs même sanitaires d’une société.

  • Que la guerre est jolie !

    Le 13 avril à 23:28 par Jeff

    Par contre exiger des garanties sur les orientations fondamentales et initiales de démocratisation en Europe pour avancer au lieu de reculer.( impôts, suppression des paradis fiscaux et protectionnisme contre les normes différentes, Exigence de normes essentielles fondamentales identiques, démocratiquement diffusées puis respectées pour garder la santé au travail )
    Tout ceci est fort bien dit, mais comment on procède concrètement ?

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