Après la mort de Jacques Delors, préparer l'avenir

Après la mort de Jacques Delors, préparer l’avenir

Mardi 9 janvier 2024, par Alain Gély

Je suis assez d’accord avec certaines des réactions inspirées par la mort de Jacques Delors (Jean-Pierre Chevènement, David Cayla, Hadrien Mathoux : références ci-après). J’y ajouterai quelques précisions.

Adhérent tardif au PS (1974 après un parcours politique, disons, varié) Jacques Delors a plutôt été un démocrate-chrétien qui a ouvert la voie au libéralisme financier ravageur en France et en Europe de l’Ouest.

On peut lui reconnaître une certaine intégrité. Il a d’ailleurs eu l’honnêteté de refuser explicitement le « Projet socialiste pour les années 80 ». Ce projet, qui reprenait dans une large mesure le programme commun des années 1970, était censé inspirer la politique de la gauche après les victoires électorales de 1981. La ligne politique de Delors l’a emporté.

La suite l’a démontré :

– en 1981-83, avec le virage libéral et européiste dans un contexte de guerre froide finissante ;

– en 1984 -86 avec la libération des marchandises et, surtout, des capitaux sans qu’un nouveau projet socialiste, même très modéré, n’ait été proposé. L’harmonisation fiscale n’a pas vraiment été amorcée. La “Charte sociale” n’était qu’une proclamation vide de contenu réel. Elle n’a en rien limité la dérive anti-sociale de la CEE puis de l’UE. Les services publics ont été combattus au nom de la concurrence « libre et non faussée ». Cette Europe-là s’est avérée tout à fait compatible avec les souhaits de Mme Thatcher, sous protectorat étasunien.

– en 1994 quand Jacques Delors, favori des sondages, a renoncé pour la Présidentielle de 1995. La raison en a été l’impossibilité de constituer alors en France le rassemblement de la démocratie-chrétienne et de la social-démocratie qui dominait en Europe de l’Ouest et a inspiré les traités de Maastricht puis de Lisbonne.

– quand le « bébé Delors » François Hollande a hautement contribué à discréditer le PS et à passer le relais au macronisme.

Au total, le ralliement de la gauche dite de gouvernement à ce qu’on appelle l’économie de marché a surtout signifié un nouvelle alliance politique. Cette orientation centrée sur les « nouvelles couches salariées » a délaissé les classes populaires, vouées au chômage et à la précarité, et accepté implicitement la domination sans partage du capitalisme néolibéral.

On peut saluer quand même chez Jacques Delors des qualités humaines personnelles et son goût pour le jazz. Mais, pour la gauche républicaine et sociale, il a été politiquement un adversaire.

Il s’agit désormais d’inventer un nouveau projet “jauressien”, patriote et internationaliste, républicain et social, en tenant compte du nouvel état du monde qui n’est plus celui de Jacques Delors. C’est possible, puisque c’est nécessaire, et sans doute urgent.

3 Messages

  • Après la mort de Jacques Delors, préparer l’avenir

    Le 10 janvier à 10:27 par Jean-Daniel PIQUET

    Jacques Delors, homme de pouvoir, intégre et honnête ?

    N’est -ce pas Jacques Delors que Jean-Pierre Chevènement visait, au moment de sa première démission d’un gouverment de gauche en mars 1983, lorsqu’il s’exclama : "un ministre, il ferme sa gueue ou il s’en va" ! Delors, alors ministre de l’économie et des finances, avait au moins une fois contesté publiquement la politique en cours : en juin 1982, disait-il il faut une "une pause dans les réformes" ce ne sera pas alors accepté. Mais il restera jusqu’en juillet 1984.

  • Après la mort de Jacques Delors, préparer l’avenir

    Le 13 janvier à 19:27 par Jean marie GRIFFON

    Pour Delors, croisé en ces occasions Jazz des années 50 inspirées, imprégnées d’amérique (Saint Louis)

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    notament pendant ces recontres bruyanres du mardibrassband

    juste pour mémoire

  • Delors ou autre

    Le 2 mars à 14:26 par bertre

    Il y a, dans ce pays, deux populations.
    Une qui est tout, qui a le pouvoir et la fortune, qui passe à la télé et possède sa page Wikipédia. On les appelle "l’élite". Souvent ils ont fait les grandes écoles ou se sont accrochés à des ceusses qui les ont faites.
    L’autre qui n’est rien. Ils crèvent au boulot, quand ils en ont un, et se débattent avec toutes les difficultés de la vie de caca que la première population leur organise avec beaucoup de hargne et avec deux objectifs. Le premier est de les voler au maximum en leur faisant TOUT payer, les produits de caca que le marketing capitaliste les oblige à acheter, les services publiques qu’on leur supprime et qu’il faut bien payer parce qu’on ne peut pas s’en passer et par les passe-passes d’une administration et d’une justice bien pire que celles de l’ancien régime ( je pourrais développer ). Le second est de les occuper par une montagne de tracas qui ne leur laisse aucun temps pour se divertir, se cultiver ou militer.
    Les " Hommes politiques", qu’ils s’appellent Delors ou Tartampion, font parti de la première population. Donc, ceux qui dissertent à l’infini sur la valeur ou le positionnement de tel ou tel ne font que lantiponner. Seule l’action pourra, peut-être nous liberer du cauchemar

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