A vos mouchoirs !
Jeudi 16 juillet 2009, par
Le hors série du journal Le Monde célèbre aujourd’hui la Révolution française sous le titre « La Révolution en héritage. 1789-2009 ». Mais cet héritage devient très vite l’occasion d’un sabotage. La prise de la Bastille est dite conduire à la Terreur et cette dernière est présentée comme la suite logique des principes républicains. Le peuple et les sans culottes sont d’ailleurs souvent décrédibilisés, sinon réduits à un « troupeau de buveurs de sang ». Tous les événements retracés sont jugés avec une méthode qui ouvre les portes des grands salons mondains. Il ne faudrait plus parler de Révolution mais des révolutions et celle de l’Amérique serait moins regrettable ; les jacobins auraient ouvert la voie au totalitarisme ; vouloir l’égalité s’opposerait à la liberté, etc. Cette vision réactionnaire de l’histoire conduit rapidement à faire comprendre que la Révolution française et les républicains doivent aujourd’hui s’excuser des torts commis contre les grandes puissances, la noblesse et la monarchie. Ce qui, soit dit en passant, serait un contresens. Un véritable martyrologue est ainsi dressé, des contre-révolutionnaires en passant par le roi et Marie-Antoinette. De même, un reportage photo sur les descendants des familles d’aristocrates guillotinés suscite la compassion, comme en page de couverture avec la simulation d’une tête coupée du « comte Henri de Vaucelles, descendant de son ancêtre Gabriel Barthélémy Romain de Filhot ». Enfin, le lecteur doit verser des larmes sur la « tragédie » et les « martyrs » de l’insurrection vendéenne dont l’actualité devrait soi-disant nous inciter à la reconnaissance juridique d’un « génocide franco-français » dont ils auraient été victimes. Cité comme le « roi du bicentenaire », François Furet aurait signé en fin de page. Mais qu’aurait fait Jean Jaurès ?