Vous n’étiez qu’un esclave
Samedi 25 avril 2009, par
Avant la 2ème guerre mondiale, existait à Paris une place dite « des trois Dumas ». Y étaient érigées la statue du grand écrivain Alexandre Dumas, celle de son fils, l’auteur de « La dame aux camélias » et celle de son père, général de la révolution.
Sur cette place qui a perdu son nom, les deux premières statues sont toujours présentes. La dernière, ayant eu le malheur d’être en bronze, a été fondue sous l’occupation par les autorités allemandes et, pendant longtemps, il a été demandé, en particulier par la société des amis d’Alexandre Dumas, d’ériger à nouveau une statue du général sur cette place.
Ce devait être chose faite en 2009. Mais ce n’est pas la statue du général qui a été inaugurée ; ce fut une allégorie de l’esclavage. Alors qu’un projet de Ousmane SOW représentant la force et la fonction du général avait été proposé, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, lui a préféré une représentation de chaînes d’esclave, cette œuvre étant inaugurée par le samedi 4 mai 2009.
On se souvient du titre d’un grand quotidien lors de la mise au Panthéon de l’immense écrivain qu’était Alexandre Dumas : « Le métissage entre au Panthéon ». Dumas n’était qualifiée que par sa couleur, n’était valorisé que par son ethnie. Eh bien, revoilà la même chanson. Un général de la révolution française n’est considéré qu’au travers de son ancienne identité d’esclave. Rien sur son parcours militaire exemplaire, rien sur ses combats républicains qui le firent rompre avec Bonaparte.
On ne célèbre plus les grands personnages ; on exalte seulement une fascination malsaine pour nos fautes antérieures. C’est ainsi que, lors de la journée de commémoration de l’esclavage le 10 mai, les autorités municipales de Paris sont venues s’incliner devant ce monument. Il est bon de rappeler l’horreur que fut l’esclavage. Il est tout aussi important de rappeler que la Révolution française qui, d’ailleurs abolit une première fois l’esclavage en 1794, permit à des hommes tels que le général Dumas d’accéder aux plus hautes fonctions militaires.
Ombre et lumière caractérisent notre Histoire. Sachons rappeler aussi les lumières.