Quelques réflexions sur le mouvement des Gilets jaunes et la crise politique actuelle

Quelques réflexions sur le mouvement des Gilets jaunes et la crise politique actuelle

Lundi 17 décembre 2018, par Anne-Cécile Robert

L’appréciation de la situation est parasitée par la désinformation des médias dominants. Ceux-ci relaient sans distance le discours du ministère de l’intérieur et mettent l’accent sur les violences au détriment de reportages et d’enquêtes sur le terrain.

On peut toutefois raisonnablement penser que le mouvement est massif, pacifique et profond. Les informations qui me parviennent de divers lieux en France montrent des manifestations très importantes. D’autres part, au-delà des Gilets jaunes stricto sensu, de nombreuses catégories socioprofessionnelles protestent, notamment dans les services publics. Enfin, l’origine sociale des personnes déférées à la justice indique que des secteurs très divers de la société sont concernés.

Il me semble que le mouvement des Gilets jaunes conjugue deux demandes : la demande sociale (pouvoir d’achat, dignité, droit sociaux et droits aux services publics, etc.) et une demande de souveraineté populaire, au sens de la volonté de maîtriser les décisions qui tombent d’en haut et d’exercer ses droits fondamentaux. C’est pourquoi la réponse doit être collective et globale. C’est au contrat social, au sens de Jean-Jacques Rousseau, qu’il faut réfléchir. Un tel débat ne me semble pas possible dans le cadre des institutions actuelles, trop autoritaires.

Le gouvernement va tenter de décourager le mouvement par des annonces leurres (comme celles d’Edouard Philippe ce mardi midi), par la répression et par la peur (comme s’y adonne le ministre de l’intérieur Christophe Castaner).

Compte tenu de l’explosion des inégalités sociales, du mépris envers la démocratie, de la destruction méthodique de la souveraineté populaire et nationale, je souhaite que la contestation se poursuive comme elle a commencé, c’est à dire pacifiquement et massivement, et qu’elle trouve son débouché politique dans l’élection d’une assemblée constituante. Celle-ci redéfinira les institutions, les règles du jeu politique, le contrat social et les engagements internationaux de la France.