La stratégie du n'importe quoi

La stratégie du n’importe quoi

Jeudi 7 janvier 2010, par Anne-Cécile Robert

Dans ses voeux aux forces économiques le 6 janvier 2010, Nicolas Sarkozy déclare benoitement : "Rien de grand ne se fait sans cohésion sociale". Par cette phrase, prise parmi d’autres tout aussi saugrenues de sa part, le chef de l’Etat confirme que les mots n’ont vraiment plus aucun sens.
M. Sarkozy développe, en effet, avec constance une politique d’affaiblissement des services publics - pourtant indispensables à la "cohésion sociale" en temps de crise - tandis qu’il se cramponne au bouclier fiscal, symbole de l’injustice fiscale au service des inégalités sociales. Cette manière de dire tranquillement n’importe quoi - dont le ministre Eric Besson qui expulse des étrangers vers des pays en guerre sans y voir de contradiction avec les droits de l’Homme - est profondément destructrice de la démocratie car elle empêche tout débat public raisonné.
Si M. Sarkozy érige l’excision des mots en art politique, il n’est malheureusement pas le premier. On se souvient de François Mitterrand qui, tout en promouvant une Europe ultralibérale (Acte unique européen de 1986 et traité de Maastricht de 1992) fustigeait, à la télévision "ceux qui s’enrichissent en dormant".
Ces confusions mortiferes sont alimentées par les médias qui relèvent peu, ne serait-ce qu’en plongeant dans leurs archives, les contradictions des discours politiques. Seule l’élection d’une assemblée constituante au suffrage universel permettra de sortir de ce triste jeu parce qu’elle imposera un débat sur le fond des règles de base de la démocratie.

1 Message

  • La stratégie du n’importe quoi

    Le 7 janvier 2010 à 12:46 par rlrt

    « Si M. Sarkozy érige l’excision des mots en art politique, il n’est malheureusement pas le premier. On se souvient de François Mitterrand qui, tout en promouvant une Europe ultralibérale (Acte unique européen de 1986 et traité de Maastricht de 1992) fustigeait, à la télévision "ceux qui s’enrichissent en dormant". »

    On pourrait aussi rappeler la "fracture sociale" de M. Chirac, ou la première guerre d’Irak dans laquelle M. Mitterrand a engagé la France au nom du "Droit" alors que plus pragmatiquement il s’agissait du droit des Etats-Unis à continuer d’exploiter le pétrole du Koweit.

    Le problème est le même pour la référence à la République par ceux-là même qui en détruisent les fondements ou la référence à l’identité nationale ou à la Nation (notion initialement de gauche) par ceux-là qui l’ont sacrifiée sur l’autel de l’Europe néolibérale et détricotent tout ce qui fait l’unité nationale...

    Et l’on s’étonne ensuite du peu d’empressement de nos concitoyens à aller voter... quand le résultat, s’il n’est pas conforme aux attentes des décideurs, est tout simplement annulé par d’autres moyens et ce par ceux-là qui se gargarisent de "démocratie" !

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