La Constituante doit être l’expression de l’intérêt du peuple
Vendredi 22 janvier 2010, par
Le mardi 18 janvier, les députés socialistes ont quitté l’hémicycle en criant démocratie et en chantant la Marseillaise pour protester contre le redécoupage électoral.
Un tel acte n’est pas nouveau. Déja, le mardi 20 janvier 2009, à l’Assemblée nationale, réunis pour l’examen d’une loi organique visant à "encadrer" les relations entre le parlement et le gouvernement, et, en particulier, limitant le droit d’amendement, les députés du PS avaient crié "démocratie, démocratie" et entonné la Marseillaise.
Le 22 juin 2002, c’est au jeu de paume, à Versailles, que des élus du PS s’étaient rassemblés, peu de temps avant que le chef de l’Etat ne prenne la parole au Congrès. Ils y avaient affirmé leur refus d’une dérive présidentialiste des institutions, parlant même d’ « Etats généraux pour une République moderne » et avaient hurlé contre la limitation de leur rôle en rappelant qu’ils étaient les représentants du peuple. Le lendemain, sur France Inter, c’était Manuel Valls qui accusait le gouvernement et sa majorité parlementaire de vouloir réduire la démocratie.
Disons-le tout net. Tout cela est vrai et ces colères sont justifiées. Le pouvoir actuel détruit encore plus la démocratie et tente même de créer une sorte de Parti unique qui ne dirait pas son nom en imposant le suffrage à un tour. Ses enthousiasmes pour la mémoire de Napoléon III ne sont, dans ce contexte, pas un hasard.
Mais le malheur pour le PS est que ses accès de fureur ne sont pas vraiment pris au sérieux. Il ne réagit, en effet, que lorsque ses intérêts d’appareil sont en cause. Il serait bien plus entendu s’il s’était opposé à un traité de Lisbonne que le peuple avait refusé. Mais, non seulement il n’a pas (pour l’essentiel de ses membres) voté contre, ce qui aurait pu en empêcher l’adoption, mais certains, dont Valls, ont même voté pour.
Personne ne peut entendre une attitude aussi contradictoire. Le PS devrait, pour être crédible, s’opposer globalement à une vie politique fondée sur une règle du jeu de moins en moins démocratique et dont il se sert depuis l’élection de François Mitterrand, accepter la remise en cause de celle-ci, c’est à dire l’appel au peuple par l’élection d’une Assemblée constituante au suffrage universel direct.
La Constituante n’est sans doute pas son intérêt d’appareil, mais c’est l’intérêt de la démocratie.