André Bellon, "Ceci n’est pas une dictature", Mille et une nuits, 2011
Jeudi 31 décembre 2015, par
André Bellon, Ceci n’est pas une dictature, Paris, Mille et une nuits, 2011, 179 pages, 10€.
De nombreux ouvrages soulignent les traits dramatiques de notre époque. Celui d’André Bellon a pour mérite de mettre en évidence l’un des plus durs d’entre eux : le reniement des principes démocratiques orchestré par la classe dirigeante. Une dictature se mettrait-elle en place ? se demande l’auteur, par ailleurs ancien parlementaire. Le livre donne la réponse au-travers de dates clés (21 avril 2002, 29 mai 2005, 16 juin 2009, etc.) et d’arguments qui décrivent et anticipent un avenir antidémocratique. L’apparition de la « démocratie d’expertise », par exemple, et l’aveuglement orchestré par les médias et les sondages mettent en grande difficulté la République, voire, n’ont d’autre but que de la détruire. « Le risque existe d’une dictature politique, jointe à une sorte de barbarie de la vie sociale ». Ce risque est bien évidemment aussi la conséquence d’une somme de prescriptions économiques dont la construction européenne n’est pas peu responsable. Exit Victor Hugo, au diable Jean Jaurès, adieu Voltaire, fini les Lumières. Dans cette nouvelle démocratie « apaisée », où les dirigeants réhabilitent Napoléon III tout en détricotant les services publics et mènent une lutte imbécile pour l’obtention du pouvoir, c’est de la tyrannie de la norme dont les citoyens doivent apprendre à ce défaire. Nous sommes aujourd’hui à un tournant historique. Le printemps arabe fut l’illustration d’une respiration salutaire pour retrouver la démocratie. En France, seule la convocation d’une Assemblée constituante permettra de retrouver la République.