De quoi parle-t-on ?

De quoi parle-t-on ?

Mardi 14 janvier 2014, par Christian Berthier

Bien souvent, nous l’avons constaté, nous entendons des mots dont nous croyons connaître le sens. Nous le croyons car, à force de les entendre asséner par des médias plus ou moins irresponsables, ils se sont ancrés dans nos esprits. Il faut alors faire des efforts pour les remettre en cause. Christian Berthier tente ci-dessous cet exercice périlleux.

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Peuple et « territoires » : de vrais faux amis contagieux

J’ai déjà brocardé le remplacement systématique, par les élites qui nous gouvernent et les media à leurs ordres, des collectivités locales légales et constitutionnelles par le vocable « territoire ».

Sous Adolf, les Allemands avaient les « Gau » et leurs « Gauleiter », les Français auraient maintenant leurs « territoires » et leur « millefeuille ».

Passe encore que ce soit le langage des attachés parlementaires de l’UMPS, des membres du gouvernement, des Attali et autres Lamy, tous engagés dans la défense et l’illustration de la novlangue européiste.

Mais c’est plus grave venant de « militants engagés dans les luttes ».
J’ai sous les yeux un appel des organisations du mouvement syndical ( sauf FO) breton du 13-11-2013 à « l’émergence de mobilisations dans les territoires pour favoriser les solidarités autour des entreprises en difficultés ».

Exit le peuple, les familles, les artisans, les salariés, les paysans, les commerçants. Seules resteraient les « entreprises »

Mais la « territoirite » est encore plus grave lorsqu’elle envahit, en cet automne 2013, les discours des congrès des élus de terrain, conseillers généraux et maires élus et ayant reçu mandats des électeurs en chair et en os et non de quelques terrains et bâtiments.

Ce serait vraiment un total renversement de sens dans un pays qui affiche encore sa laïcité qu’il ne reste plus que les prêtres de toutes obédiences pour parler de l’humain, des « ames », des « fideles », de l’adoration de tel ou tel et de leurs assemblées pieuses.

Même le mot « église » ou « eclesia » désignait l’ assemblée des « fidèles » après avoir désigné celle du peuple citoyen dans de nombreuses cités antiques ...

C’est un total renversement de sens du meme genre que celui qui fait appeler « actif » un capital, une dette ou une « créance ».

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