On n’est pas démocrate à temps partiel
Mercredi 18 décembre 2013, par
Un gouvernement en difficulté, affaibli, a-t-il la légitimité pour prendre des décisions qui remettent en cause les principes mêmes de notre contrat social ? Un gouvernement peut-il transformer de sa propre autorité les institutions qui, en démocratie, ne dépendent que de la souveraineté populaire ? On peut raisonnablement se poser la question au vu du fonctionnement du gouvernement Ayrault.
Par un hasard "quasi miraculeux", deux informations sont tombées le même jour : la première annonçant que Bruxelles ne s’opposait pas à l’aéroport de Notre Dame des Landes dont le président François Hollande a confirmé la construction ; la deuxième annonçant que le gouvernement allait ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, ratification réclamée depuis des années par le Conseil de l’Europe.
Bien sûr, l’annonce de la ratification de la Charte a pour objet d’atténuer l’impact de Notre Dame des Landes en s’attirant les faveurs des bonnets rouges et des militants des langues régionales qui voient dans cette charte un moyen de défendre le patrimoine culturel que ces langues représentent naturellement. Mais l’objet de la Charte ne se limite pas à cela, n’en déplaise au premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il s’agit, ce qui est explicitement exprimé dans le préambule, de faire un pas vers l’Europe fédérale des régions. Or, qu’on soit ou non favorable à ce texte et à sa conception de la construction européenne, on doit reconnaître qu’une telle révolution de nos institutions ne peut que relever de la décision du peuple qui l’exprime soit par un référendum, soit plus globalement par l’élection d’une Assemblée Constituante en France.
Nous appelons tous nos concitoyens, au-delà de leurs tendances, à rappeler leur souveraineté en exigeant ces consultations démocratiques. On n’est pas démocrate à temps partiel.