"L'éléphant au milieu de la cour" ou "Que signifient les élections municipales ?"

"L’éléphant au milieu de la cour" ou "Que signifient les élections municipales ?"

Lundi 31 mars 2014, par Association pour une Constituante

31 mars 2014 ; Communiqué de l’Association pour une Constituante

L’éléphant au milieu de la cour


Le scénario est bien réglé depuis trente ans. Chaque élection intermédiaire entre deux présidentielles inflige un désaveu au parti du Président. Mais les institutions permettent de maintenir à flot le pouvoir d’un Président intouchable.

Les municipales ont amplifié le scénario habituel : par la montée de l’abstention, par le vote Front national. Pour le reste, c’est l’alternance habituelle entre PS et UMP. Mais la légitimité des institutions est atteinte.

Comment ne pas voir l’éléphant au milieu de la cour ? Tous les commentaires politiques et médiatiques évitent la question fondamentale : celles des institutions à bout de souffle et du jeu politique sclérosé. Jusqu’à quand va-t-on refuser de voir la profonde crise de régime dans laquelle la France est plongée ? Jusqu’à quand va-t-on bafouer la souveraineté populaire ? La démocratie doit-elle se dissoudre encore plus dans les diktats des marchés financiers et la « gouvernance » européenne ? Exaspérés, les électeurs font avec les moyens du bord : abstention, vote blanc, rejet des uns puis des autres, fuite en avant, etc. Mais le système résiste. On évoque le remaniement du gouvernement, on parle d’alternance. Mais c’est d’alternative dont la vie politique a besoin. Et c’est bien ce que nos institutions et notre jeu politique empêchent. Le pays s’achemine lentement vers l’acceptation de formes autoritaires du pouvoir et les partis principaux ne savent que se poser en recours contre la politique de leur alter ego.

Rétablir la démocratie par l’élection d’une Assemblée constituante au suffrage universel est la voie du salut public.

1 Message

  • "L’éléphant au milieu de la cour" ou "Que signifient les élections municipales ?"

    Le 1er avril 2014 à 12:09 par Louis SAISI

    Généalogie du vote sanction

    Certains de nos concitoyens, dimanche dernier, pour signifier leur désaveu et surtout leur désespérance n’ont pas hésité jusqu’à aller voter pour le FN dans la perception qu’ils ont de cette formation politique comme étant celle d’un parti qui s’identifie comme étant "anti-système" sans voir que ce parti n’est pas si nouveau que ça mais a déjà une longue histoire quant à sa filiation avec les diverses formes de droite autoritaire ayant jalonné notre histoire nationale.
    En effet sous ses habillages divers - boulangisme, action française et Croix de feu sous la 3ème République, révolution nationale sous Pétain en 1940, poujadisme sous la 4ème République, "ultras de l’Algérie française" et OAS et au début de la 5ème République, mouvement Occident et club de l’Horloge ensuite, "bleu-marine" aujourd’hui - ces formes politiques diverses ont toujours été fortement antiparlementaires et antirépublicaines. Elles ont toujours été, en effet, invariablement tentées par la tentation autoritaire bonapartiste sans pour autant n’avoir jamais dessiné les contours de la moindre alternative crédible pour un "vivre ensemble" républicain car se positionnant essentiellement dans la négation, la xénophobie et le rejet de l’autre - hier le juif lors de l’affaire Dreyfus, puis les juifs, communistes et francs-maçons sous Vichy, aujourd’hui l’immigré ou l’Islam - et en développant un discours musclé et autoritaire qui tourne le dos à nos valeurs démocratiques et républicaines fondées sur l’altérité et le respect de l’Autre.
    Pour autant, la responsabilité de notre classe politique est grande et ne doit pas être passée sous silence car elle encourage et "produit" de telles résurgences historiques qui minent et sapent les fondements de notre démocratie. En effet, que certains de nos concitoyens soient attirés par le vote refuge au profit du FN et soient tentés par cette nouvelle forme politique d’aventurisme dangereux interpelle, de manière récurrente, toute notre classe politique depuis des années, mais sans pour autant que ses pratiques et moeurs changent.
    Mais bien plus que dans le vote pour le Front National, le vote sanction s’exprime aujourd’hui de plus en plus largement par une abstention chronique de manière tellement forte que, sous une forme certes inorganique, les abstentionnistes deviennent, au fil des diverses consultations électorales, le premier parti de France (36% du corps électoral aux dernière municipales soit autour de 16 millions d’électeurs).
    On ne le soulignera jamais assez. L’abstention est devenue aujourd’hui un vote de rejet de la classe politique dans son ensemble, comme l’est également le vote blanc. Ce n’est pas un vote d’humeur, volatile, irresponsable ou passager, car l’abstention est devenue structurelle. Elle est chargée d’un sens collectif.
    C’est une forme de désaveu signifié à nos gouvernants (aujourd’hui le PS) que leur politique est mauvaise sans pour autant que les électeurs choisissent de plébisciter les partis d’opposition traditionnels (UMP, UDI, MODEM) vis-à-vis desquels la défiance est la même car ils ont déjà été mis à l’épreuve du pouvoir et leurs résultats n’ont pas été plus probants ni plus glorieux que ceux de leur successeur.
    Si l’abstention est devenue le substitut du vote c’est parce que, comme le souligne très justement notre président André Bellon, le système est fermé, verrouillé par le bloc exécutif/législatif qui nous gouverne (discipline militante et partisane oblige), sans pour autant que par le "jeu des alternances des équipes au pouvoir" (simple changement d’hommes mais pas de cap politique) ne soit envisageable une autre voie politique, une alternative, du fait que les politiques sont invariablement les mêmes, à gauche comme à droite, car dictées par l’Union européenne et les marchés financiers.
    Ainsi au fil des années et aggravé par le phénomène majoritaire et une hyperprésidence, le fossé s’est creusé entre le peuple et ses représentants, ceux-ci étant devenus leurs "gouvernants" et les citoyens étant réduits à l’état de "gouvernés". Dans la nouvelle division du travail opéré par la pratique des institutions de la 5ème République, le professionnalisme politique est devenu une sorte d’"armée de métier" car on entre aujourd’hui en politique, après "sciences Po" ou l’ENA pour y "faire carrière" ou "sa vie" comme on entrait hier dans les Ordres... Les citoyens votent mais sont dépossédés de la chose publique car ce sont ensuite les "gouvernants" qui, au nom de leur expertise - énarques et grands corps de l’Etat - décident sans aucune considération pour le mandat qui leur a été donné.
    C’est le gouvernement supposé "éclairé" de cette nouvelle noblesse d’Etat (si bien décrite par Pierre Bourdieu) qui peuple les ministères, le Parlement, les corps institués, les think tanks (club Montaigne à droite, Terra Nova à gauche) et qui dispose de privilèges à vie, quelles que soient ses "performances", car elle n’est jamais évaluée à l’aune des services qu’elle rend mais de son "statut", comme l’étaient la Noblesse et le Clergé sous l’Ancien Régime.
    Au lieu d’épouser la cause du peuple - comme le faisaient jadis dans notre France républicaine les grands "commis" ou serviteurs de l’Etat -, elle est aujourd’hui acquise, non plus au "colbertisme" mais au libéralisme, à l’Union européenne et aux mécanismes des marchés financiers. Bref, elle a choisi le camp des puissants et non plus celui de la République et du peuple souverain.
    D’où l’inertie politique, l’indifférence morale et intellectuelle de cette caste privilégiée (pourtant nourrie par la République mais qu’elle ne sert plus) devant les diverses formes de souffrance sociale des "sans travail" (chômage de longue durée des séniors, "chômage d’entrée dans la vie active" pour les plus jeunes), des "sans toit", des "sans couvert quotidien" (autre que celui des Restos du Cœur).
    Si l’on veut apporter une réponse humaniste et sociale à la désespérance politique des plus faibles, du salariat en général et de la classe moyenne - bloc majoritaire dans le pays soudé par la même paupérisation, la même précarisation et parfois la même souffrance -, il faut ouvrir la brèche d’une véritable alternative politique dans notre système institutionnel.
    Mais l’ouverture d’une telle alternative passe par la nécessité impérieuse de refonder notre pacte social et notre République.
    Il devient donc de plus en plus urgent d’élire une assemblée nationale constituante pour rétablir le lien entre les citoyens et leurs représentants pour clore la sinistre page de nos quelque "trente malheureuses" (1980-2014).
    Louis SAISI

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