Quelques réflexions sur le premier tour de l’élection présidentielle
Mardi 12 avril 2022, par
Ça ressemblait à un enterrement, ça avait le gout d’un enterrement et c’était un enterrement : celui de la démocratie.
Comment appeler autrement cette pantalonnade qui consiste à légitimer la désignation du porte-parole d’intérêts économiques et financiers sur lesquels les citoyens n’ont aucune prise ? Cette réalité ne saurait être masquée par l’émergence, désormais presque systématique, d’un adversaire issu de l’extrême-droite qui permet des rassemblements improbables autour de l’heureux élu final ainsi qualifié de sauveur, histoire de faire oublier sa vraie nature.
La méthode n’est pas neuve et date de plusieurs décennies. Mais il s’y est, cette fois, ajouté un phénomène nouveau qui a totalement marginalisé la plupart des candidats, ne laissant que 3 d’entre eux en lice. Ce qu’on a appelé pudiquement le vote utile (utile pour qui, pour quoi ?) n’est que l’influence malsaine de l’avalanche des sondages tout au cours d’une campagne électorale excluant la plupart des débats de fond. Le rôle largement antidémocratique de l’élection présidentielle est ainsi amplifié par les médias qui se contentent de commenter les sondages à longueur de journées au lieu de mener des enquêtes et des reportages qui pourraient éclairer les électeurs. A quand l’interdiction des sondages électoraux ?
Il n’en reste pas moins qu’il y aura un avant et un après de cette caricature de démocratie. Comment croire à la légitimité de l’élu par un tel système, surtout au vu de l’immensité des pouvoirs qui vont lui être conférés ? Dans le cadre d’une mécanique politique et institutionnelle aussi biaisée, il est bien difficile aux électeurs d’effectuer des choix sereins. Les résultats sont, par conséquent, le produit de contraintes accumulées et non pas l’expression d’une volonté réfléchie sur quelque question que ce soit. Et c’est un danger et une fragilité majeurs alors que notre pays est confronté à des défis économiques, sociaux et géopolitiques qui engagent son avenir.
Il était déjà évident que nos institutions étaient à bout de souffle. Il est maintenant patent qu’elles doivent être changées de fond en comble ; changées par le souverain naturel qu’est le peuple, un peuple composé de tous les citoyens ; pas par des experts et des comités Théodule imposant des solutions toutes prêtes et, quelques détails mis à part, favorables au pouvoir en place. Dans l’histoire, un tel objectif a été porté plusieurs fois par ce qu’on appelle une assemblée constituante élue, précédée de l’élaboration par les citoyens de leurs cahiers d’exigence au niveau des communes et des quartiers. Aujourd’hui, la France a plus que jamais besoin de son peuple.
C’est la seule réponse valable à ce qui vient de se passer et qui ne peut satisfaire des citoyens avides de dignité et de liberté.
Cet article a été publié par la Revue politique et parlementaire Voir le lien