Missak Manouchian, confidences d’un arménien
Mercredi 21 février 2024, par
Que l’on me pardonne, je ne peux pas évoquer Missak Manouchian sans en faire une affaire personnelle. Le seul rappel du nom me ramène à l’enfance et à un souvenir bien ancré.
C’est un dimanche de février44, pas trop froid, avec une part de soleil d’après - midi ( est -ce celui du 21 qui perdure ?…) , je descends la rue de la Gaîté avec mes parents , marchant avec eux à l’allure nonchalante du promeneur. J’ai 7 ans.
Mais l’aspect banal de la rue change au moment d’atteindre le boulevard Edgard Quinet. Sur le trottoir qui fait face à la station de métro un attroupement étonne, d’’autant plus dans une période où la prudence est devenue un réflexe qui domine tout.
L’enfant que je suis l’a lui- même acquis.
Alors, cette petite concentration insolite ne peut être qu’autorisée et c’est bien le cas et j’en aurais la confirmation plus tard, devenu grand.
Pour l’heure, je ressens surtout de l’angoisse en contemplant l’affiche posée sur une sorte de chevalet, devant les photos de déraillements et d’armes entourant des faces patibulaires. De qui sont-elles ? Pourquoi un Arménien est- il en position centrale ? Personne ne me répondrait, pas même mon père. J’ai compris, toujours la prudence… Mais ce grand silence prendra pour moi une valeur dont je me souviens encore en cette période finale de ma vie. Je le ressentirai toujours comme l’ accompagnement d’ une garde d’honneur.
Serge Mouradian