Menaces sur la liberté d’expression
Dimanche 17 novembre 2019, par
Les atteintes répétées à la liberté d’expression, fondement de l’humanisme, de la République et de la démocratie, au nom d’intérêts plus ou moins réels de telle ou telle communauté sont en train de déboucher sur un torpillage.
Parmi nombre d’exemples, citons l’annulation de la pièce de théâtre « Les suppliantes » d’Eschyle, celle de la conférence à Bordeaux de Sylviane Agacinski sur la PMA, les violences empêchant la prestation de Hollande à Lille, la suppression d’un colloque sur le terrorisme à la Sorbonne, …
Le principe est toujours le même : au nom des « droits » de tel ou tel groupe, il devient interdit d’exprimer une opinion qui heurterait la sensibilité des membres de celui-ci.
Nous sommes évidemment loin de Voltaire qui proclamait « Même si je ne suis pas d’accord avec vous, je me battrai pour que vous ayez le droit d’exprimer votre opinion ». En fait, nous assistons, par le recoupement des actions parcellaires de ces groupes à une tentative de destruction de tous les principes universels qui semblaient avoir gagné après la seconde guerre mondiale et qui s’exprimaient dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. La chose est d’ailleurs clairement affirmée par ces groupes autodésignés et qui tentent de s’imposer par la violence. Ils la théorisent même. Ainsi, un groupe « féministe » largement médiatisé par la presse bobo nous explique-t-il, sans autre forme de procès, que l’hétérosexualité est cause de la colonisation et du racisme, ainsi le Cran (Conseil représentatif des associations noires) veut-il empêcher toute utilisation de la couleur noire par les comédiens blancs, …
La chose pourrait faire sourire si, au travers de multiples manifestations, n’était pas en train de naitre une police de la pensée, typique de tous les régimes totalitaires. On peut, c’est mon cas, trouver indécente la publication par Hollande d’un livre magnifiant un nouveau régime respectueux d’un Parlement qu’il a lui-même méprisé. On ne saurait empêcher son expression par la violence. Une salle vide eut été plus efficace.
La démission des autorités universitaires qui annulent les conférences devant les pressions des activistes laisse mal augurer de l’exercice des libertés. On peut comprendre que l’état catastrophique de l’université après des années de politique de rigueur, la situation épouvantable des étudiants, ne poussent pas à la résistance. Il n’empêche que le dramatique ne justifie pas l’acceptation du pire.
Il n’y a qu’un pas entre les violences hostile à l’expression démocratique et la dictature des nervis. La République est en cause et le moindre des paradoxes n’est pas que ce danger émane de l’Université. Sachons refuser le piège.