Contradictions d'une présidentielle

Contradictions d’une présidentielle

Lundi 19 décembre 2011, par Anne-Cécile Robert

Les candidats à la présidentielle ne semblent pas à une contradiction près. Dernière en date, Eva Joly, porte- drapeau d’Europe écologie-Les Verts se fixe comme objectifs à la fois l’Europe fédérale et la VIe République. Qui ne voit que l’incompatibilité des deux car la première postule la disparition de la seconde ? Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard – hommage du vice à la vertu – si l’idée de changer la Constitution a fait une entrée tardive dans le programme écologiste. Un soupçon d’opportunisme et une bonne dose d’aplomb constituent en effet les recettes éprouvées du responsable politique en campagne.

Rassurons ses soutiens. Mme Joly n’est pas la seule dans ce cas. François Bayrou, lui aussi chantre du fédéralisme et du marché commun se fait aujourd’hui l’avocat passionné du « achetons français », omettant le fait que le traité de Rome, auquel il voue un culte, prohibe ce type de « discrimination en fonction de la nationalité ». De son côté, Marine Le Pen fait de l’euro le père de tous les vices économiques et antinationaux pour subitement – démagogie oblige – imputer le chômage à l’immigration. Doit-on lui rappeler qu’aucune étude n’a prouvé la moindre relation entre la courbe de l’emploi et celle du nombre de travailleurs étrangers ? Ce serait sans doute inutile, tant l’idéologie parle par la bouche de la responsable du Front national.

Évidemment Nicolas Sarkozy ne se trouve pas en reste : après avoir bâti son programme économique – avec la figure emblématique de sa regrettée ministre Christine Lagarde – sur le maintien du fameux « triple A », le voilà qui explique que sa dégradation ne serait pas si grave que ça. Le même président détruit méthodiquement les services publics, la protection sociale et l’indépendance nationale, tout en citant – les larmes dans la voix- le Conseil national de la Résistance, Jean Jaurès et Léon Blum. À quand la référence à Lénine ?

De son côté François Hollande navigue entre Manuel Valls, Pierre Moscovici, Martine Aubry et Arnaud Montebourg avec la souplesse d’un contorsionniste. Seule l’élection présidentielle permet ce type de miracle par la magie de l’onction de l’homme providentiel : « Venez à moi les européistes, les antimondialistes, les partisans de l’Otan et les souverainistes ! Je saurai vous récompenser par les synthèses fulgurantes de mon esprit supérieur. » Le même fantasme agite Jean-Luc Mélenchon dont les partisans hésitent eux-aussi entre plus et moins d’Europe. Mais qu’importe, l’essentiel n’est-il pas de faire des vaguelettes ?

Une fois de plus, l’élection du chef de l’État au suffrage universel va démontrer sa grande nocivité en brouillant tout débat sérieux au travers de subtiles questions de personnes. Rassurons-nous, ce n’est pas comme si les temps étaient sombres ; nous voguons tranquillement vers un avenir radieux ; pas besoin d’échanges de pensées approfondis. Quelques petites phrases auront raison de la crise de l’euro, de la guerre qui menace ici ou là, du chômage et des risques nucléaires.

4 Messages

  • Contradictions d’une présidentielle

    Le 19 décembre 2011 à 15:16 par Saga des Gémeaux

    Quand je pense que nous allons malheureusement voter pour un (e) de ces candidat(e)s qui n’ont d’yeux que pour la fonction royale avec ce que cela implique. Bref une mascarade électorale sans importance et sans signification particulière. Vivement que cette "élection présidentielle" soit supprimée et que l’on retrouve le chemin des urnes pour élir une assemblée constituante.

    Saga des Gémeaux

  • Contradictions d’une présidentielle

    Le 1er janvier 2012 à 04:02 par Lisbonn

    Bonjour !

    Quand je tape les mots clés ou lance une alerte : HOLLANDE CONSTITUANTE
    Mais enfin ! Mr HOLLANDE
    Et puis sur l’ EUROPE bonjour !

    U N E C O N S T I T U A N T E A S T R A S B O U R G ! ! !

    Lisbonn !

  • Contradictions d’une présidentielle

    Le 21 mai 2023 à 10:46 par Jean-Daniel PIQUET

    Nocivité de l’élection du président de la république au suffrage universel .

    Précisons pour ne pas brouiller les esprits qu’il faut dire "suffrage universel direct". Depuis 1962 le président de la république se trouve une légitimité dans une relation directe avec le peuple qui fait contrepoids à une assemblée nationale également élue au suffrage universel. Il peut à tout moment dissoudre l’assemblée avec comme seule limitation à ce pouvoir l’attente d’un an pour une nouvelle dissolution. Et l’assemblée dans les institutions de la cinquième république ne dispose de son côté d’aucun pouvoir pour fair tomber le président de la république ou l’obliger à démissionner. Cela ne singifie pas qu’il faut revenir à la cinquième république telle qu’elle exista entre 1958 et 1962. Mais il faut faire attention à ne pas faire jeter le bébé (le suffrage universel) avec l’eau sale du bain (le président dans sa relation directe avec le peuple et l’assemblée nationale)

  • Alibis institutionnels ou fuite en avant pour esquiver l’essentiel

    Le 26 mai 2023 à 10:24 par Jean marie GRIFFON

    Pour moi l’essentiel est de comprendre et d’afficher une vision de l’avenir, au moins à moyen terme, et de l’étayer à minima par l’analyse du passé.
    Toutes ces spéculations procédurales, édictées constitutionnelles, m’évoquent mes potes musiciens qui manipulent inlassablement les gammes et tonalités ; au lieu de plonger dans un thème qui trouve la bonne résonnance avec l’écho "du monde", disons ici du peuple, lui qu’on évoque toujours et qu’on ne connait jamais vraiment , incertain, changeant, et plus ...
    C’est bien cet essentiel qui est totalement absent dans le cortex originel de Macron.C’est vrai aussi que chez Hollande, le vide était installé depuis longtemps, vide qu’a su remplir Macron à minima, avec ses impros brillantes à géométries variables, selon les climats et vents dominants.
    Certes les institutions, dites républicaines ou autres, jouent un rôle , parfois préalable, parfois déterminant à la longue, mais ce jeu tourne vite en rond, comme peut être les ronds de serviette , théme que le dernier livre de Richard de Seve vient de publier sur l’évolution vers la droite de cet attribut ancien devenu le nouvel avenir .L’humour n’a pas de frontière et remplit mieux le vide que les procédure gratuites ?.
    Dans ce domaine, la musique de Mélanchon est plus wagnérienne, mais tangeante souvent aussi ces tentatives audacieuses. Lui aussi commence à s’essouffler dans le tintamarre grandissant. Le silence, lui assourdissant de Marine LePen, devient surtout génant parce que sa musique est maintenant reprise par beaucoup , mais avec des tonalités mineures réactualisées en majeur, et pas seulement par la droite.C’est comme quant le vrai rattrape la fiction.Cf le roman inachevé ? Toujours cette histoire des droits d’auteur !

    Le facisme ne passera pas !! Sauf que Mitterand qui en venait a su en jouer adroitement pour construire un univers de gauche bien pensante qui a produit des acquis très respectables pendant plusieurs décennies . Certes le bilan reste à analyser, surtout dans les mosaïques du monde nouvellement identifiés.
    Amitiés à tous, surtout à toutes, car ma femme me surveille
    JMG

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