Espagne : mais enfin, de quoi s'agit-il ?

Espagne : mais enfin, de quoi s’agit-il ?

Mardi 12 juin 2012, par André Bellon

Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles dans l’union européenne. Aujourd’hui, c’est l’Espagne qui est en cause. Mais les responsables de Bruxelles n’en finissent pas d’être optimistes .... et surtout de continuer à imposer leurs recettes.

En illustration, le tonneau des Danaïdes


***


L’Espagne a donc lancé un appel à l’aide européenne pour ses banques ; on parle de cent milliards d’euros, scénario devenu, paraît-il, inévitable face à l’aggravation de la dette. Ce sera le quatrième plan de la sorte après la Grèce, l’Irlande et le Portugal. C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Économie Luis de Guindos, affirmant qu’en échange, il n’y aurait « aucune condition de réformes économiques hors du domaine du secteur financier ». Cynisme ou naïveté ?

Ce nouveau naufrage pose de façon aiguë la question de l’avenir des pays européens, de leurs démocraties et de leurs situations sociales.

« Cela n’a rien à voir avec un sauvetage »

La première question posée est celle du mensonge érigé en mode de gouvernement permanent.

« Cela n’a rien à voir avec un sauvetage…Les conditions seront imposées aux banques, pas à la société espagnole », a déclaré le ministre qui, dans le même temps, explique que cette aide serait considérée comme de "la dette publique" espagnole, qui va donc augmenter, et "devra absolument être remboursée". Par qui ? Et qui sauvera qui ?

Mensonge d’ailleurs largement partagé lorsqu’on se rappelle les discours enthousiastes prononcés depuis des années sur les performances exceptionnelles de l’économie espagnole. La « quatrième économie de la zone euro », artificiellement dynamisée par un secteur immobilier largement virtuel, destructeur de l’environnement et soumis à des intérêts souvent opaques, était présentée comme un modèle ne tolérant aucune contestation. Pour la droite, l’économie avait de bonnes performances ; pour la gauche, le pouvoir restait aux mains d’un Zapatero présenté comme le nouveau référent. L’essentiel n’est-il pas de gagner ?

Et maintenant ?

Ces brillantes performances d’un système fondé sur la disparition de la puissance publique et de la souveraineté populaire au profit d’une dynamique des marchés et d’une construction européenne sans contrôle ont conduit en réalité à un taux de chômage record de presque 25 %. Alors même qu’une sévère cure d’austérité destinée à réduire son déficit public a eu lieu cette année, voilà que s’annonce un nouveau traitement de choc.

Mais la question de savoir qui paiera se conjugue avec celle de savoir qui conduira les affaires publiques. Car chaque nouvelle crise s’accompagne d’un affaiblissement du rôle des citoyens dans la conduite des affaires publiques. Bien plus, elle se conjugue avec cette avancée vers ce fameux « fédéralisme » qui n’est que la cache sexe de la disparition officielle du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Il faut dire une fois de plus que les « sacrifices » imposés aux peuples demandent à être soumis à la seule volonté de ceux-ci, que l’éventuelle dilution des peuples dans tel ou tel ensemble ne peut être faite sans leur aval, que c’est pourquoi l’objectif d’élire des Assemblées constituantes dans les pays concernés est à l’ordre du jour.

3 Messages

  • Espagne : mais enfin, de quoi s’agit-il ?

    Le 12 juin 2012 à 19:08 par Yfig

    Oui, excellente question ...... de quoi s’agit-il ?

    Autant de crânes autant de réponses.

    Alors .... mon crâne aussi cherche une réponse ... mais ne rencontre que questions et questions ....

    Première question : où est passé l’argent des déficits ?
    Deuxième question : où va l’argent prêté par l’Europe ?
    Troisième question : qui comprend quelque chose à ce bordel ?
    Quatrième question : si quelq’un(e) y comprend quelque chose, dans ce cas, pourquoi personne ne prend de décision (en dehors de continuer de verser de l’argent dans le tonneau).
    Cinquième question : si personne ne comprend rien, pourquoi .... (voir 4ème question) ...

    Sixième question : vous avez des questions ?

    .

  • Espagne : mais enfin, de quoi s’agit-il ?

    Le 13 juin 2012 à 14:11 par Olivier RUBENS

    Entièrement d’accord avec cet article.

    Un petit mot tout de même sur la fin.

    S’il y a une constituante demain en Espagne, les
    habitants de ce pays garderont-ils le Bourbon que le
    Caudillo a désigné comme héritier ? Conserveront-ils
    le drapeau des factieux de 1936, meurtriers de Julian
    Grimau, Puig Antich et tant d’autres ?

  • Espagne : mais enfin, de quoi s’agit-il ?

    Le 13 juin 2012 à 16:37 par Saga des Gémeaux

    Pourquoi élire une constituante un peu partout ? L’Espagne peut très bien faire l’économie d’une énième Constitution en rétablissant la Constitution du 9 décembre 1931 (tout en lui apportant les adaptations nécessaires à notre temps), comme la Lettonie l’a fait en 1993 en rétablissant la Constitution du 15 février 1922. De plus les autres pays européens sont plus en avance que nous puisqu’ils se sont dotés de Constitutions modernes. Il n’y a dès lors pas lieu de convoquer des constituantes en Europe (sauf en France à condition toutefois de lui dresser une feuille de route comme ce fut le cas en Afrique du sud après l’apartheid).

    Saga des Gémeaux

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