POUR UN NOUVEAU COMPROMIS DE LUXEMBOURG

POUR UN NOUVEAU COMPROMIS DE LUXEMBOURG

Lundi 12 août 2013, par Etienne Tarride

Réfléchir au rétablissement de la démocratie impose de poser la question de l’Union européenne, des traités qui la fondent, en particulier de la monnaie unique. Nous avons appelé de puis longtemps à débat sur ces questions. Plusieurs de nos amis ont exprimé leur opinion. Ci-dessous, c’est Êtienne TARRIDE, gaulliste de gauche, qui donne la sienne.

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La France est, en 2013, placée dans une situation comme elle n’en a que rarement connu en dehors de quelques catastrophes nationales historiques.

La majorité de Gauche en place ne bénéficie plus, semble-t-il, de la confiance du peuple, l’opposition de Droite battue il y a moins d’un an ne semble pas, selon les chiffres que nous connaissons en bénéficier beaucoup plus.

L’extrême droite, si elle progresse, n’est toujours pas jugée crédible, et à très juste raison pour représenter autre chose qu’un cortège de protestataires à l’idéologie dangereuse pour les libertés et incapables de la moindre proposition raisonnable.

Depuis quelques temps, les « affaires » réapparaissent, ce qui en France n’est guère surprenant puisqu’elles n’ont jamais vraiment disparu.

La réalité de notre mauvaise situation tient en fait en un mot, le chômage. Le chômage très important, et qui ne manquera pas de s’aggraver encore. Le Peuple Français considère à tort ou à raison, peu importe, que le trou est sans fond. C’est essentiellement de cette certitude que résultent les autres maux, le discrédit des formations politiques à vocation majoritaire, les scandales qui seraient moins ressentis comme insupportables en d’autres circonstances, la faiblesse de la croissance aussi, il n’est jamais de croissance dans des pays et des époques sans espoir.

Il est aujourd’hui établi que la création de la monnaie unique Européenne n’a, sur la croissance et l’emploi, aucun des effets bénéfiques attendus par ses promoteurs. Il est aujourd’hui établi que la politique d’austérité ne peut avoir que des résultats nocifs. Il n’est pas encore certain que la monnaie unique et l’austérité soient indissolublement liées. Pour ma part, je l’ai toujours pensé, mais je crois aussi que l’idée de sortir brutalement de l’Euro pour rétablir le Franc serait suicidaire en un temps ou la spéculation sur les monnaies se déchaine, en un temps aussi où le niveau de vie tend trop vers le bas pour permettre des chocs qui ne sont pas indispensables.

Il est temps, donc, d’un nouveau compromis de Luxembourg. C’est en menaçant de quitter la table, que le général De Gaulle a sauvé la Politique Agricole Commune. C’est en proclamant que les Nations européennes ne pouvaient pas se laisser imposer des politiques contraires à leurs intérêts essentiels que le général De Gaulle a sauvé l’Europe. C’est en quittant la table que la France pourra donner à la monnaie unique sa dernière chance, prouver qu’elle est compatible avec une politique de relance aujourd’hui plus nécessaire que jamais. Il ne s’agit pas à ce moment de tuer l’Euro, il s’agit de poser la question par un nouveau compromis.

Il s’agit, sans renoncer à l’assainissement indispensable des dépenses fonctionnelles, de donner de la marge à l’investissement structurel. Il s’agit aussi de suspendre les impératifs de réduction des dettes publiques, ce qui ne signifie pas de leur permettre de s’aggraver. Il s’agit de retrouver le droit d’injecter dans l’économie, par la hausse des salaires les plus faibles notamment et par une réduction raisonnable des charges sociales un pouvoir d’achat qui relancera la machine. Il s’agit aussi de rétablir un Tarif Extérieur Commun qui a permis les progrès économiques Européens des années Soixante.

Ces mesures pourront être prises soit au plan Européen soit au plan National, une étude approfondie devra en déterminer les modalités précises.

Il est plus que certain qu’il ne sera pas possible de faire prévaloir une telle politique face à l’Allemagne et aux Pays Bas sans un engagement aux limites de la rupture. C’est la raison pour laquelle il nous paraît nécessaire non pas a priori de sortir de l’Euro mais d’être prêts à le faire et de le dire clairement. La véritable erreur que François Hollande a commise est de penser que par le seul fait de son élection il pourrait faire plier madame Merkel et ses alliés de l’Europe du Nord. La deuxième erreur qu’il pourrait commettre serait de penser que l’élection d’un social démocrate en 2013 en Allemagne modifierait la position allemande.

Trois conditions sont nécessaires :

 Préparer sans trop de discrétion un plan maximaliste pouvant servir de base à des négociations.

 Préparer les Français aux conséquences de cet affrontement. Une baisse provisoire du pouvoir d’achat qui n’a de chance d’être accepté que s’il frappe d’abord les plus aisés mais aussi la classe moyenne supérieure sans épargner totalement la classe moyenne inférieure. Pour cela il faut mener campagne avec énergie contre l’idée de « l’impôt confiscatoire » et pour démontrer que cette politique n’aura qu’un temps et qu’elle aura des effets rapides sur le chômage.

 Indiquer clairement à nos partenaires que l’État et les collectivités territoriales se réservent de confier hors conditions de concurrence des travaux et missions aux PME et TPE françaises sur le modèle du Small Busines act américain

Il est essentiel de desserrer l’étau quand il en est encore temps

Êtienne TARRIDE