Une Lutte, des Luttes.
Samedi 19 mai 2018, par ,
La Lutte finale, "Qu’ est ce que c’est " ?
Les adeptes de la révolution du prolétariat n ‘en finissent pas d’attendre désespérément qu’un nouveau Staline, un nouveau Mao Tse Toung, ou pourquoi pas, un nouveau Che, alimenteur de guérillas viennent prendre en main leurs luttes encore mal définies, n’aspirant pas a autre chose que d’être encore et toujours admis a râler
Exsangue sous les volutes de fumée de leur pauvre joint, l’opium des pauvres d’esprit, méditant les luttes sociales, d’aujourd’hui, même pas capable d’aligner deux malheureux vers qui exprimerait leur spleen, romantique et de rigueur.
Donc la lutte finale reste tant bien que mal une valeur en soi, un sorte de grand soir qu’on attendrait en cherchant -en attendant- à se ménager le plus possible afin de « voir venir » dans la tranquillité. Le Grand soir, » viendrait bien évidemment des autres, on attendrait quoi vienne nous prendre par la main…
Le « Grand Soir » n’est pas pour demain, c’est une utopie ou plutôt une sorte de croyance quasiment religieuse que l’on attend comme on attendrait le jugement dernier ou bien encore la fin des temps. En soi, cette dernière notion toute biblique, vouée à représenter le mythe de la vie éternelle n’est pas autre chose que cette fameuse révolution tant attendue.
Cette suite significative de micro-révolutions qui ont ponctué toute notre histoire, une forme d’avènement, quoi...
Aujourd’hui, toute révolution est étouffée dans l’œuf avant même quelle ait eu le temps de produire quelque chose de nouveau, par ces mécanismes de la régulation sociale savamment entretenus par la puissance publique, qui n’en a pas fini de raffiner ses stratégies depuis mai 68.
Ainsi, tout conflit d’intérêt, commence par se solder par un éveil populaire des syndicats et des collectifs citoyens en place qui commencent par protester, organiser des journées de grève, et surtout manifester de manière ponctuelle.
Cela a un effet thérapeutique sur les individus : ces derniers peuvent ainsi exprimer leur mécontentement et avoir l’impression d’agir sur un mouvement social passablement raccourci et ralenti par les différentes stratégies utilisées par le pouvoir pour les encadrer et les faire s’éteindre doucement mais sûrement, dans un decrescendo qui a tout de la haute technicité.
Il en est allé ainsi des mouvements anti loi travail au printemps 2016.
Il en va aujourd’hui de même avec le mouvement SNCF.
Vite endormis en faveur de la notion de régulation parlementaire (vote des lois), par ailleurs lui même manipulé, les différents intérêts des groupes qui se seront agités dans le conflit social ne tardent pas face a la légitimité de la représentation parlementaire, a s’incliner.
C’est une tradition en France bien implantée : on ne remet pas en question le vote de la loi, qui est notre héritage spirituel autant que politique depuis que nous avons fait la révolution de 1789.
La poudre aux yeux est ainsi jetée, et les pouvoirs du parlement rognés.
Ainsi, par la technique des ordonnances, le gouvernement peut il légitimement légiférer en imposant l’ordre du jour autant que faire se peut.
La prochaine réforme qui s’annonce, sur le plan constitutionnel ne fera qu’entériner ce processus, nous menons tout droit vers un pouvoir exorbitant de l’exécutif.
Le projet de réforme constitutionnelle qui prévoit un droit amendement encadré, le raccourcissement des navettes et une maitrise accrue de l’ordre du jour par le gouvernement va dans ce sens : on garde un semblant de démocratie parlementaire mais on encadre tellement ce dernier et on donne tellement importante à la puissance exécutive qu’il en ressort une profonde dénaturation de la cinquième république dont rappelons le, une des fiertés principales était accorder enfin au pouvoir politique français un équilibre entre les pouvoirs.
Cet équilibre chèrement acquis a déjà été profondément dénaturé par le passage au quinquennat qui inaugure une nouvelle forme de vision du pouvoir présidentiel on passe ainsi d’un président au dessus des partis a un hyper-premier ministre.
La proposition d’ ajouter au projet de réforme constitutionnelle un nombre d’ amendement à la minorité parlementaire restreint, ne ferait que nous précipiter encore davantage vers une non régulation démocratique des prises de décision…la porte grande ouverte a la dictature…
Qui va donc remplacer ce président élu au suffrage universel directement représentant de la souveraineté de l’Etat et du peuple français ?
Nos luttes se doivent d’être l’expression de cette souveraineté populaire que nous aurions dû élargir pour mettre en place progressivement, par une série de reformes successives depuis 1971, date de la réforme qui inaugure cette élection au SUD soit un rapprochement entre l’élu et le peuple qu’il est censé représenter. Dommage, nous avons raté le coche et risquons bien de laisser le pouvoir définitivement filer entre les doigts de quelques bons penseurs qui ont eu la formation adéquate. C’est à dire à laisser nos affaires se régler par une main extérieure.
Nos luttes, celles d’hier et d’ aujourd’hui et de demain ne doivent donc pas retomber comme un soufflé à force d’avoir cuit trop longtemps.
Comme le disait Hannah Arendt : « il n’est de reconnaissance possible des individus qu’au sein d’une communauté ». Il faut donc que nous élargissions la communauté afin de ne pas laisser s’opposer des micro-communautés qui luttent entrent elles et sont en compétition.
Malheureusement, et le dernier film de Jean Becker « le collier rouge » récemment sorti, l’a montré : au cœur même de la grande Fraternité, lorsque belligérants de tous pays, désunis par la guerre se lèvent tous en même temps pour chanter l’internationale d’une seule voix mais chacun dans leur langue, il suffit qu’un seul élément vienne briser cette belle harmonie pour que le coups de feu et la guerre reparte.
Or, nous sommes en France porteurs de cette Valeur d’universalité, celui d’une lutte sociale unique, au delà des différences, qui nous rassemble.
Noura Mebtouche.