LE GRAND DEBAT EST UN PIEGE

LE GRAND DEBAT EST UN PIEGE

Mercredi 16 janvier 2019, par Etienne Tarride

Le « Grand débat » proposé par Emmanuel Macron et son gouvernement est plus dangereux qu’on l’imagine.

Dans une Démocratie, le débat a lieu tous les jours et n’est pas limité à des dates décidées par les pouvoirs publics. Dans une Démocratie, chacun des citoyens décide de quoi il veut parler et quand il veut en parler. Or, de même que les gens du pouvoir et ceux des médias dominants indiquent aux opposants, aujourd’hui, qu’ils veulent refaire l’élection de 2017 dès qu’ils émettent une critique, il y a fort à parier qu’ils leur diront demain qu’il n’est plus temps de donner son opinion puisque le débat est clos.

Pourquoi ne pas décider, dans la foulée, que les élections auront désormais lieu l’année et le jour fixés par le pouvoir sans s’attacher à un vieux calendrier dépassé ? Pourquoi ne pas décider que les manifestations ne pourront se tenir que dans les lieux choisis par le pouvoir et que les revendications non déclarées à la préfecture trois jours à l’avance au moins exposeront leurs auteurs à des sanctions pénales ?

Le « Grand Débat », moment autorisé de critiques et de propositions suivi du silence dans les rangs, est un pas de plus vers une post-démocratie vers laquelle nous avançons en pente douce. Une post-Démocratie qui n’est pas une dictature mais qui fait litière de nombre nos droits d’expression.

Si la situation se présente ainsi, c’est d’abord du fait des partis politiques qui ne remplissent plus leur rôle. Ce sont les partis politiques qui ont pour mission première d’organiser des débats puis d’en faire remonter les conclusions vers les pouvoirs législatif et exécutif. Ils se sont tous montré défaillants et se sont transformés en des écuries présidentielles.

La « République En Marche » a, de ce point de vue une responsabilité principale. Ce parti détient le pouvoir exécutif et l’essentiel du pouvoir législatif. L’organisation du pseudo Grand Débat montre d’abord que ce parti n’a pas su mener de débats en son sein ce qui était pourtant, à en croire son candidat pendant la campagne, sa vocation première. Convoquer un débat public pour tenter d’effacer cette carence est une opération à la limite de l’abus de pouvoir. Votre débat, faites- le chez vous d’abord.

Le débat, continuons à le faire chez nous sans nous préoccuper des oukases publics. Apprenons à débattre avec des gens que nous estimons éloignés de nous et dont certains le sont peut-être moins que nous le croyons aujourd’hui. Je ne crois pas qu’il soit impossible de nous rapprocher sur quatre points capitaux :

- L’Europe de Nations.

- L’immigration voulue et non subie.

- Une meilleure distribution des richesses

- La réforme des institutions par une Constituante.

Mais le « Grand Débat » à la Macron, c’est non.

Etienne Tarride

1 Message

  • LE GRAND DEBAT EST UN PIEGE

    Le 7 février 2019 à 11:05 par Jean - Claude GROC

    Monsieur Tarride a une vision à la fois précise et très réaliste de la situation. C’est une bonne chose qu’il ait exprimé son point de vue que je partage grandement. J’ajoute que le piège qu’il décrit est encore plus pernicieux qu’il ne paraît {a priori}. En effet, au delà de la mascarade de ce pseudo débat où l’on ne peut parler que de ceci ou que de cela avec interdiction d’aborder d’autres sujets, je crains que l’exploitation de cette pantalonnade soit particulièrement contraignante.
    Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour percevoir que, face à des revendications futures, la réponse sera : "nous vous avons donné l’occasion de vous exprimer avec le grand débat. Si vous aviez quelque chose à dire, il fallait le faire à ce moment là. Maintenant fermez la !
    Et cette exploitation justifiera une aggravation de la répression policière pour "rétablir l’ordre". Je vous laisse le soin de dire de quel ordre il s’agit. En réalité il s’agira de museler de façon beaucoup plus efficace l’expression démocratique puisque c’est cela qui les dérange. "Vous avez le droit de vous exprimer à condition que vous disiez ce qu’il nous plaît d’entendre". Et ce que ne savent pas ceux qui participent à ce "grand débat" c’est qu’ils seront les complices des décisions qui nous seront imposées demain. Quant à ceux qui pensent que le référendum sera un moyen de répondre, ils sont dans l’erreur puisqu’il faudrait autant de référendum qu’il y a de sujets à aborder ce qui fait beaucoup.

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