Soyez réalistes, demandez l'impossible !

Soyez réalistes, demandez l’impossible !

Mardi 10 novembre 2020, par Pascal Geiger

Ce texte de Pascal Geiger, marqué autant par l’humour que par la tristesse, résume la difficulté du moment.

Il aura fallu plus de cinquante ans pour que ce slogan soixante-huitard devienne réalité ; réalité que vous devez … à la politique de relance d’Emmanuel Macron.

Depuis le début des années 80, les gouvernements successifs de la France n’ont eu de cesse de marteler la nécessité de réduire les déficits de l’Etat, de freiner la dépense publique, de confier le financement des politiques non régaliennes à des fonds privés plus à même de rentabiliser les (aides) les prestations (à rendre aux citoyens) à facturer aux consommateurs que ne le furent les services publics et ce tout en en dégageant (des moyens permettant d’améliorer ces politiques) des dividendes.

D’ailleurs à ce propos, n’avez-vous jamais remarqué que certaines prestations sociales financées par la Sécurité Sociale, considérées alors comme des dépenses, deviennent subitement des ressources lorsque ces dites prestations sont confiées à des assurances privées ? Etonnant, non ?

Toujours est-il que les experts en économie, les universitaires en management, les spécialistes en communication, les journalistes autoproclamés d’investigation, les marabouts de la bonne gouvernance et autres gourous de la société connectée n’ont jamais arrêté de crier, de concert, à l’impossibilité de sortir de ces politiques d’austérité imposées par l’UE compte tenu de l’importance de la dette publique et donc du risque de faillite qu’encourrait la France si d’aventure elle retombait dans les travers de l’Etat-providence.

Eh bien, E. Macron a fait taire tous ces oiseaux de mauvais augures en déployant un plan de soutien de quelque 500 milliards d’euros depuis la fin de l’été. Certes, cet afflux d’argent est dû en partie aux « largesses » de la banque centrale européenne (dirigée par sainte Christine ; que les dieux de la chrématistique la garde au taux d’intérêt à 0%).

Mais qu’importe, ce qu’il faut retenir de ce « geste », jadis inconsidéré mais aujourd’hui encensé, est que le pognon de dingue existe, contrairement aux discours éhontés que l’on vous tient depuis toujours.

Alors, plutôt que de condamner, à juste titre, l’incompétence dont le gouvernement a fait preuve dans la gestion de la Covid-19, plutôt que de s’insurger contre la privation de vos libertés instaurée depuis le 1er confinement, surtout plutôt que de s’époumoner malheureusement en vain sur les ronds-points et de se faire gazer, tabasser en remontant les Champs Elysées ou autres avenues parisiennes, restez déterminés. Encouragez Emmanuel Macron à poursuivre dans cette nouvelle voie, celle du possible.

Car ce qui était déclaré, hier, comme absurde, impossible, sans fondement, idiot … et autres attributs désagréables pour vous disqualifier et vous ridiculiser, vous citoyens sensés, est désormais possible.

L’utopie est à portée de main.

Merci Emmanuel !

Oui, il est possible de lutter contre le chômage (plutôt que contre les chômeurs), contre l’inégalité salariale, contre la pauvreté (et non contre les pauvres), contre la fraude et l’évasion fiscale, contre la détérioration de vos espaces de vie et le dérèglement climatique, contre l’insalubrité de certains habitats et la ghettoïsation de population vulnérables.

Ce n’est pas le pognon de dingue qui manque, il vous l’a prouvé.

C’est le courage. Celui de reconnaître que le néolibéralisme a conduit la France dans une impasse sanitaire, économique et écologique. Le courage de décider que l’impossible est réalisable, il suffit de le vouloir et de l’imposer.

Mais, allez plus loin, soyez fous, soyez réalistes.

Dites-lui que vous l’approuvez dans sa croisade contre le séparatisme. La République est une et indivisible. Mais rappelez lui que la République se doit d’être solidaire, fraternelle.

Dites-lui d’oser l’humanisme.

Pascal Geiger

5 novembre 2020

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