Non au « vote contre » - Oui à la Constituante

Non au « vote contre » - Oui à la Constituante

Vendredi 6 mai 2022, par Jean-Pierre Crépin

Un cauchemar hante les serviteurs du pays – le cauchemar de leur possible effondrement et de la démocratie dite représentative. Tous les courtisans éparpillés de par le pays, personnages politiques et généraux, administrateurs délégués et publicitaires, journalistes et intellectuels, vont, s’interrogeant sur la façon de conjurer cette effroyable menace. La Macronie est présente partout, mais ne gouverne nulle part par manque d’adhésion citoyenne dans une France archipélisée.

Dans ce contexte et devant l’enjeu, des voix se lèvent qui tentent de s’engouffrer dans un espace constituant qu’avait créé André Bellon et l’APUC, quinze années auparavant. C’est une très bonne chose en soi. Toutefois, il ne suffit pas d’avoir l’air, faut-il encore avoir la chanson.

Nous analyserons dans les semaines à venir ces multiples propositions d’autant plus que beaucoup d’« experts » se répandent actuellement à propos des institutions. Je note aujourd’hui celle de la « dynamique populaire » qui consiste à aller voter aux législatives afin de créer un front anti-Macron pour bloquer celui-ci. En quoi cette pure tactique peut-elle être considérée comme un projet constituant ? La « Dynamique Populaire » avait initialement comme projet de faire élire des députés constituants en contestant la légitimité de Macron dans le cadre d’une élection présidentielle où l’abstention devait être massive et historique. L’abstention a été massive mais pas historique. Des votes communautaristes provoqués par les discours de Zemmour et de Mélenchon ont émergé.

Constatant l’échec de l’analyse initiale, elle nous propose maintenant non seulement d’aller voter aux législatives pour un candidat anti-macronien quel qu’il soit mais aussi de convaincre les abstentionnistes, et ce qui ont votés blancs de faire de même. « Ainsi Avec 16,5 millions de voix, ils ont les moyens d’infliger une raclée aux candidats macronistes. »

L’élection législative a été conçue pour donner la majorité au Président pour qu’il puisse gouverner. Rentrer dans ce jeu fait d’alliances improbables ou de combines d’appareil revient à rêver non pas de l’avènement d’un puissant mouvement constituant, mais d’une organisation composite de militants anti-macron. L’objectif de la Constituante demande de rassembler les citoyens, non de les diviser par des jeux politiciens.

Notre ligne à l’Association Pour Une Constituante a été « Non à la Présidentielle Oui à la Constituante ». Celui qui, par cet acte fort, a manifesté son refus de participer à un jeu truqué où l’on perd systématiquement ne peut souscrire à une approche mathématique.

Nous ne donnons pas de consignes de vote. D’ailleurs, avec quels arguments peut-on inviter celui qui considère l’usage du vote blanc ou de l’abstention comme une vertu à déposer les armes et aller voter contre ? À travers un jeu de mathématique rhétorique qui tourne autour du mythe immortel de la Résistance ? Nous sommes là en face d’une énième acrobatie dialectique Alors que, dans la modernité, l’être-contre signifiait souvent une opposition directe dans la postmodernité, être-contre serait donc le plus efficace dans une position oblique ou diagonale. Les batailles pour la souveraineté du peuple ne peuvent être gagnées par addition des mécontentements dans le processus législatif actuel.

La conversion des citoyens en citoyens constituants se joue sur tous les plans. Non seulement ils doivent à s’émanciper de tout le conditionnement dont ils sont victimes, mais ils doivent aussi renoncer à participer à un jeu truqué pour se consacrer à une lutte aux caractéristiques radicales à conflictualité haute : l’élection d’une assemblée constituante, le seul vrai changement de paradigme pour redonner la souveraineté au peuple.

Jean-Pierre Crépin

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