Qui veut la mort du Parlement ?

Qui veut la mort du Parlement ?

Vendredi 26 mai 2023, par André Bellon

C’est une espèce de panique qui semble atteindre les députés macronistes devant la proposition de loi du groupe LIOT. Celle-ci demande l’annulation de la loi retraite qui a tant suscité l’hostilité des Français.

A priori, leur opposition à cette proposition se base sur l’article 40 qui refuse tout texte qui détruit l’équilibre budgétaire. Argument fort discutable, la loi retraites ayant déjà remis en cause l’équilibre budgétaire voté et la loi retraites n’étant pas ce qu’on appelle un collectif budgétaire. D’après les textes (article 40), il appartient au Président de la Commission des finances de juger de l’irrecevabilité. Or celui-ci, Monsieur Eric Coquerel, ne partage pas cette opinion.

Outre des tentatives pour contourner le dit article 40, les thuriféraires d’Emmanuel Macron reviennent à leur habituelle tactique : ce qui ne sont pas avec eux sont irresponsables. Ainsi Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, déclare-t-elle « qu’elle ne peut concevoir une autre décision que l’irrecevabilité ». De son côté, Elisabeth Borne, fidèle à sa tactique du « pas vu, pas pris » affirme-t-elle qu’« il est assez irresponsable de la part d’un groupe parlementaire de laisser croire qu’on peut présenter une proposition de loi qui supprime 18 milliards (d’euros) de ressources ». Rien que ça alors que même Bruno Lemaire, ministre des Finances , prévoit que la réforme des retraites pourrait rapporter 17,7 milliards d’euros aux caisses des retraites d’ici à 2030, le chiffre, d’ailleurs simplement estimé, s’étalant sur 7 ans, largement au-delà du cadre budgétaire.

Mais, au-delà de ces tactiques pitoyables, la plupart des réactions des fidèles du Président insistent sur le fait qu’on ne peut supprimer une loi votée, mettant alors en avant la question des institutions. Car la loi retraite n’a pas été votée. Ce qui l’a été, c’est le rejet, de très peu, de la censure du gouvernement. Ainsi le permet l’article 49-3. Lorsqu’Elisabeth Borne, toujours dévouée, estime, mercredi 17 mai 2023, que la proposition de visant à abroger la réforme des retraites est « inconstitutionnelle », se rend-elle compte qu’elle montre à quel point la Constitution actuelle, avec toutes ses subtilités, permet de mettre à bas non seulement la volonté populaire et la démocratie, mais le Parlement lui-même.

Madame Annie Genevard, secrétaire générale des Républicains, a cru faire œuvre de démocratie en affirmant que, « si les Propositions de Loi visent à annuler les lois qui viennent d’être votées, c’est un risque de dévoiement du Parlement ». Aveuglement trop répandu dans les rangs officiels. Car ce sont leurs manœuvres qui abattent le Parlement.

Bertrand Pancher, Président du Groupe LIOT à l’initiative de la proposition de loi d’abrogation de la loi retraites, a parfaitement résumé cette situation lorsqu’il a dit dénoncer l’« acharnement du gouvernement à vouloir empêcher l’expression démocratique de l’Assemblée nationale sur les retraites ». Sa conclusion est particulièrement éclairante : « C’est particulièrement grave. Pourquoi ne pas carrément supprimer le parlement » ?

***

A méditer cette pensée d’Eschile : "L’entêtement, quand on raisonne mal, n’a pas, par lui-même, plus de force que rien".

2 Messages

  • Qui veut la mort du Parlement ?

    Le 28 mai 2023 à 13:11 par Jean-Luc Picard-Bachelerie

    « Pourquoi ne pas carrément supprimer le parlement » ? »
    Le prétendu centre qui attaque le Parlement serait-il l’extrême centre ?

    Macron a dit « Je pense que la réforme dont on a besoin doit redonner de la souveraineté populaire », ajoutant : « Il faut se donner pour ambition de faire quelque chose de grand, sinon je ne suis pas pour le faire. »

    Rappelons-nous que ce qu’il entend par souveraineté populaire, c’est l’expression des représentants. Donc, cela veut dire qu’il veut renforcer le pouvoir des représentants.

    Hollande lui a soufflé de se passer du premier ministre. Je vois bien Macron attiré par cette idée, étant donné qu’un ministre n’est pas un représentant. D’un autre côté, il n’aurait plus de fusible.

    Une seule chambre lui conviendrait bien. Cela éliminerait quelques va et vient et des débats.

    J’imagine que la question qu’il doit se poser est : comment être certain d’avoir la majorité absolue ? Peut-être une formule qui ressemblerait à la majorité municipale ? Des législatives qui réserveraient derechef 50% de parlementaires présidentiels sur une seule chambre serait une idée qui lui conviendrait.

    Assurément, ce serait "quelque chose de grand" pour lui... et de grand danger pour nous !!!

  • Qui veut la mort du Parlement ?

    Le 31 août 2023 à 09:56 par jean marie Griffon

    La régression continue de mon sens de l’humour m’interdit maintenentt la conprehension du message de notre camarade Jean Luc, peut être apparenté à Godard pour l’occasion.
    Pour autant, si les analyses qui en découlent sont reprises par d’autres intervenants sur une forme plus adaptée à mes moyens, je m’engage à les reprendre avec perservérence et modestie.

    Pour l’essentiel de l’actualité, je retiens les contorsions parolières de nontre Président dans sa réunions avec les chefs de parti, certes pris au hazard d’opportunité du jour, ce qui illustre pour moi le vrai centre mou de notre société actuelle

    Pour l’arrêt de l’immigration qui reste par ailleurs ma priorité, vous avez constaté que j’évite maintenant de trop déranger notre assemblée future constituante que je continue à envisager avec grand intérêt
    Amitiés à tous , et à toutes en particulier
    Jean marie Griffon

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