L’avenir sans les peuples
Jeudi 27 octobre 2011, par
Les accords internationaux importants soulèvent en général d’autant plus d’enthousiasme immédiat des savants et sachants qu’il se révèlent à terme désastreux. Toutes proportions gardées, les célèbres précédents de Munich et de Yalta sont là pour nous le prouver.
L’accueil controversé des accords de Bruxelles le 26 Octobre 2011 nous prive de cet excellent instrument de mesure. Tout au plus peut-on affirmer d’ores et déjà que l’Allemagne a pris clairement la direction du "machin", et que l’appel fait aux "BRICS" et à la Chine pour apporter de l’argent ne sonne pas comme le clairon à Austerlitz. Ceux d’entre nous qui n’ont jamais été fanatiques des accords de Maastricht se contenteront de rire sous cape. Nous sommes et nous restons les mauvais élèves dissipés du fond de la classe.
L’essentiel n’est pas là. L’essentiel est qu’il faut bien constater que les savants économistes et les politiques avertis qui ont conclu cet accord n’ont a aucun moment songé à demander l’avis des citoyens. Ils ont pris des décisions graves pour l’avenir ; certain d’entre eux, et vous ne devinerez jamais à qui je pense, ont réussi à faire rentrer par la fenêtre européenne une marchandise, la "règle d’or", mise à la porte par les français. Tout cela est intervenu sans qu’ils nous demandent ce que nous en pensions.
A vrai dire, et c’est un des rares points rassurants, le seul peuple ayant donné son avis est le peuple Grec. Tout simplement parce qu’il n’a pas attendu qu’on le lui demande. Il a manifesté si fort son refus de payer pour tout le monde que la dette grecque a été réduite. L’avis du peuple, à cette aune, vaut 100 Milliards. C’est une évaluation que je laisse à chacun le soin d’apprécier.
Le plus grave est encore à venir. Si le peuple n’est pas appelé à donner son sentiment, c’est tout simplement parce que l’oligarchie l’en croit incapable. Pour parler bref, les questions économiques et financières seraient infiniment trop compliquées pour qu’on tolère les ignorants dans le débat. Quelqu’un osera-t-il me dire que cette pensée ne lui ait jamais venu ?
Défendre la Démocratie ne se limite pas à faire de jolies phrases. Il ne suffit pas de monter sur la table pour y chanter la Marseillaise. Défendre la Démocratie, c’est donner au peuple les moyens de faire entendre et respecter sa voix. Ceux qui l’en estiment incapables devraient d’abord se demander s’ils en sont vraiment plus capables que lui.