De Napoleon III au Parlement européen
Vendredi 5 juin 2009, par
Ceux qui, tels Christian Estrosi ou Philippe Séguin, cherchent à réhabiliter Napoléon III, ne cessent de souligner que les Français ont avalisé son coup d’Etat du 2 décembre 1851 par un plébiscite : 7 481 000 de « oui » face à 647 000 « non ». C’est faire peu de cas du contexte de ces élections, organisées après une répression sanglante, alors que les opposants sont déportés, en fuite ou en exil comme Victor Hugo. C’est ce qu’avaient dénoncé les vrais républicains comme Victor Hugo qui avaient appelé à ne pas participer à de tels simulacres.
Pourquoi parler aujourd’hui de ce triste événement de notre histoire ? Simplement pour rappeler que toutes les élections ne sont pas légitimes. La démocratie n’est pas une simple affaire de procédure. Il faut que les élections aient un sens. En 2009, les citoyens ont la liberté d’expression et de réunion. Il apparaît loin, le temps sombre de la dictature de Napoléon III.
Pourtant, ne sommes nous pas confrontés, avec les élections européennes, à une nouvelle forme de plébiscite ? En effet, voter aux élections européennes revient à légitimer un organisme qui n’a de parlement que le nom et dont la présence sert à faire avaler la disparition réelle de la démocratie au niveau national et son absence, structurelle, au niveau européen.
Le Parlement européen corrobore lui-même cette analyse : son fonctionnement est dépolitisant (négation de clivages importants en son sein) ; il promeut l’intégration européenne telle que les traités l’ont dessinée (c’est-à-dire libérale) parce qu’il confond l’idée d’Europe avec le Marché commun ; il a demandé à ce qu’on passe outre les votes français, néerlandais et irlandais. Tout cela ne tient pas du hasard : c’est la nature du système institutionnel européen qui a été conçu comme un substitut à la démocratie.