La petite Europe dans la prairie
Samedi 10 mai 2014, par
Le Président Hollande a octroyé aux français un de ces exercices dont raffolent tous ceux qui adorent noyer les poissons dans le marais européen.
Intitulé « L’Europe que je veux », son article dans Le Monde du vendredi 9 mai rappelle surtout « La petite maison dans la prairie » chère aux bisounours politiques. L’Europe qu’il veut est, dit-il, celle de la paix, de la fin de la spéculation, du développement social,… Bravo, bien qu’on voit mal qui appellerait à une Europe de guerre, de régression sociale et de maffias financières. Ce qu’on aperçoit en revanche, c’est que l’Europe réelle n’a qu’un rapport très lointain avec le projet émouvant que dessine le Président.
Ce n’est pas ce qu’il déclare vouloir qui permet de juger son action, c’est le résultat qui, convenons-en, n’est pas brillant. Et faire miroiter un avenir radieux n’est qu’une façon plus que discutable de demander une nouvelle fois un chèque en blanc aux électeurs. Peindre, de plus, toute critique aux couleurs de l’horreur est indigne des fonctions qu’il occupe et risque d’avoir l’effet inverse au résultat escompté. Créer un épouvantail censé représenter toute contestation de ses positions est une vieille ficelle politicienne qu’il est inacceptable d’utiliser dans un débat qui mériterait hauteur de vue et courage politique pour affronter les vraies contradictions.
Face au besoin pressant d’une réflexion critique et d’un débat contradictoire sur la question européenne, François Hollande préfère écouter ses conseillers en communication plutôt que les Français. Comme trop de commentateurs ces derniers jours, il tente de fermer toute réflexion sérieuse en participant à une propagande simpliste. Il ne pourra pas dire, ensuite, devant la montée des réactions de plus en plus hostiles qu’il n’a pas voulu cela.