Brexit : de quoi a-t-on le droit de parler ?

Brexit : de quoi a-t-on le droit de parler ?

Dimanche 15 décembre 2019, par André Bellon

Au secours la démocratie !

Est-il possible d’avoir un débat serein lorsqu’on évoque l’Union européenne ? On peut en douter au vu des commentaires avant, pendant et après les élections au Royaume Uni. Je sais que ce texte ci-dessous n’aura aucun écho dans une presse qui, sur ces sujets, publie continument des banalités destinées à rassurer sur le bien-fondé d’une Union européenne pourtant en crise permanente. Il n’en est que plus important.

C’est offenser la Raison, l’esprit critique, que de limiter le débat nécessaire à des invectives. Qu’on en juge par le florilège de déclarations largement répercutées à propos de l’Union européenne. On pouvait penser que la déclaration de Jean-Marie Cavada critiquant le vote Non au TCE en 2005 en l’assimilant à un antisémitisme (« Ceux qui font la fine bouche devant la Constitution européenne devraient avoir en mémoire les photos d’Auschwitz  ») n’était qu’un dérapage passager. Il n’en est rien. Face aux enjeux au Royaume Uni, Bernard Henri Levy, dans un tweet du 23 juin 2019, déclarait « Défaite probable du Brexit. Déroute, donc, des souverainistes, des xénophobes, des racistes ».

Toute une campagne a eu lieu depuis le vote du Brexit pour expliquer que les britanniques regrettaient leur vote. Largement relayée en France, par exemple par Jean-Michel Apathie qui déclarait « Un peu crétins quand même ces Britanniques » dans un tweet du 24 juin 2016 ou par Alain Duhamel qui, dans un tweet du 18 janvier 2017 faisait le paris que le Brexit serait devenu très impopulaire en 2019. Cette campagne s’est poursuivie jusqu’au vote du 12 décembre. On en connait le résultat dont l’échec personnel de Jo Swinson, Présidente du parti libéral démocrate, un des plus farouches opposants au Brexit, est un symbole.

Une fois le vote acquis, les idiots utiles du système ont perpétué leurs critiques tout en supprimant (temporairement ?) les formes excessives. Ainsi jacques Attali, interrogé le 14 décembre sur France Info, a-t-il déclaré que, par ce vote, les anglais allaient se retrouver seuls face à la mondialisation dont l’Union européenne les protégeait. Bonjour l’idéologie !

Appelons un chat un chat : l’information sur la question européenne est totalitaire. Refusant toute critique sérieuse, les dirigeants et une presse pour l’essentiel aux ordres font purement et simplement de la propagande, se moquant comme d’une guigne des risques de violence que de telles méthodes entrainent. Cette attitude aussi bête que prétentieuse a pour première conséquence de faire haïr encore plus tout projet européen. Par ailleurs, elle tente de légitimer une remise au pas des peuples et une disparition de la démocratie, considérant que les citoyens seraient trop stupides pour comprendre les enjeux. Bonjour la nouvelle aristocratie !

Publié sur Agoravox https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/brexit-de-quoi-a-t-on-le-droit-de-220087

Dans une vidéo du journal Le Monde ci-dessous l’ineffable Jacques Attali explique que "la construction européenne est une irréversibilité nécessaire".

6 Messages

  • Brexit : de quoi a-t-on le droit de parler ?

    Le 4 février 2020 à 13:10 par Guyader

    Je pense que vous devriez bien réfléchir avant de vous lancer dans votre démarche.
    N’est ce pas votre approche qui est quelque peu totalitaire et pleine d’à priori.
    Si l’on suit votre logique, on remet en cause tous les acquis d’un demi siècle qui globalement ont été positifs, même si certains points sont critiquables. On risque très fortement , comme on le fait aujourd’hui, de replonger selon une pente extrêmement dangereuse (cf Trump, Bolsonaro, Orban, Salvini, Johnson, etc...).
    Maurice Guyader

      • Brexit : de quoi a-t-on le droit de parler ?

        Le 5 février 2020 à 18:56 par Jean-Dominique GLADIEU

        Monsieur Guyader qualifie les propos d’André Bellon de "totalitaires" et pleins d’{a priori}.
        André Bellon ne fait pourtant que citer les perles (dont certaines "savoureuses" !) des anti-Brexit.
        Quant aux {a priori}, Monsieur Guyader montre l’exemple en affirmant péremptoirement que le bilan de 50 ans d’Europe est dans l’ensemble positif.
        Outre que ça rappelle un peu le fameux "bilan globalement positif" de l’URSS, les seuls éléments "positifs" imputables à l’Europe sont les concessions obtenues du temps du Général De Gaulle et qui allaient dans le sens de la préservation de la Souveraineté des pays-membres.
        Mais nul doute que pour les "euroïnomanes", la Souveraineté du Peuple et l’Indépendance Nationale sont des horreurs innommables.

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  • Brexit : de quoi a-t-on le droit de parler ?

    Le 17 février 2020 à 14:23 par berthier

    En France, "on" est mal informé, semble-t-il.
    - Les Travaillistes britanniques n’ont perdu les dernières élections que parce qu’ils n’ont pas respecté la volonté majoritaire de leur électorat populaire, largement anti-Brexit. Là, comme ailleurs, les électeurs préfèrent l’original à la copie.
    - Le mot "totalitaire" semble avoir perdu son sens premier qui stigmatise un système utilisant tous les moyens contre tous ses opposants et donc à un pouvoir d’état. Il ne peut s’opposer à autrui, sauf à devenir une insulte, un préjugé, un excès de tout type. Trop reste toujours de trop. Même dans la bouche de Monsieur Attali.

  • De la souveraineté

    Le 12 mars 2020 à 15:32 par Alain Souloumiac

    Le concept de souveraineté est un concept forgé au service de la construction et de l’unité du royaume de France. Il a débouché sur la monarchie absolue. Dieu est tout. Le roi était le lieutenant de dieu sur terre. Tous les pouvoirs lui appartiennaient. Les êtres humains placés sur son territoire étaient ses sujets.
    Il a été réutilisé par les légistes au service de la démocratisation. Ils ont affirmé que la souveraineté appartenait au peuple ou à ses représentants. C’est ainsi qu’on enseignait autrefois sur les bancs de la faculté du Panthéon que le parlement anglais pouvait tout faire sauf changer un homme en femme. Ce n’est plus tout à fait vrai aujourd’hui...
    Pour Jean Bodin, affirmer que le roi était supérieur voulait signifier qu’il n’y avait rien au dessus. Ni le pape, ni aucune autre nation, ne pouvaient lui dicter une conduite à tenir. La formule car "Tel est mon bon plaisir" permettait de trancher tous les débats.
    Le peuple, les représentants ou le gouvernement de la France ont-ils tous les pouvoirs ? N’y a-t’il aucune force supérieure à la leur ? Une telle affirmation ne résiste pas à l’examen. Dans tous les domaines, le territoire et l’action des français sont régis par des forces supérieures sur lesquelles le parlement, le gouvernement et même le président, ont fort peu de prise.
    Dans le débat Hollande-Sarkozy, le premier affirmait qu’il ferait alors que le second lui répondait qu’il ne disposerait pas de ce pouvoir. L’argument de la souveraineté n’est pas l’argument suprême qui permet d’atteindre la vérité, la justice et le bonheur.
    Le droit n’a pas de sens s’il est construit au mépris des faits. La loi n’est pas bonne parce qu’elle est loi. Elle doit être bonne parce qu’elle est la loi.
    C’est du détail et de l’adéquation de chaque règle sociale à l’état des techniques, à l’environnement du monde et aux besoins du groupe qu’elle régit que dépend la bonne gouvernance d’une nation.

    • De la souveraineté

      Le 30 mars 2020 à 13:07 par André Bellon

      C’est un débat pas très neuf, mais peut-être plus aigu encore aujourd’hui.

      Je ne comprends pas, cela étant, ce que sont les « forces supérieures ». Dieu ? La main invisible ? Selon moi, on peut dire qu’il n’y a rien au-dessus de la volonté du peuple mais ça ne veut pas dire qu’il peut faire n’importe quoi. Ce qui n’est pas n’importe quoi doit être défini par le débat démocratique en fonction des éléments de fait à la disposition des citoyens. Sinon, on ne veut plus de la démocratie.

      Il s’agit des droits universels, en particulier tels qu’exprimés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. En son article 21, elle déclare que "La volonté du peuple est le fondement des pouvoirs publics "

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