Réforme des retraites ou projet de destruction du peuple ?
Lundi 10 février 2020, par
Tandis que tout le monde s’employait à parler de réforme des retraites, Macron préférait parler de projet de société. Et évidemment, les ministres ressortaient à qui mieux mieux cet élément de langage. « Toutes les réformes ont jusqu’ici été anxiogènes. Là il n’y a pas d’obligation budgétaire, c’est un projet de société », nous rassurait Jean-Paul Delevoye. « Ce n’est pas un problème technique, c’est un projet de société », nous déclarait Agnès Buzyn. Mais, cette formule était-elle vraiment un élément de langage ? Et, pourquoi a-t-elle été abandonnée ?
Certains ont analysé cette formule en disant que Macron voulait éviter d’utiliser celle de « réforme des retraites » pour ne pas réveiller le fantôme des manifestations de la réforme ratée de Juppé. Du reste, les syndicats ont choisi de commencer la grève et les manifestations le 5 décembre en référence à cette mobilisation gagnante de 1995, pensant que cela aurait un effet dissuasif pour le gouvernement de maintenir son projet tout en produisant un effet d’entraînement à la mobilisation des grévistes et des manifestants.
Mais, c’était vite oublier que le mot fétiche de Macron, depuis qu’il s’était porté candidat est, justement, le mot "réforme". Alors pourquoi diable, Macron aurait-il peur, du jour au lendemain,d’utiliser le mot "réforme" ? Fausse question car pourquoi ne pas prendre cette formule pour ce qu’elle a de vrai ?
Macron parlait de "projet de société" parce que sa réforme est bien un "projet de société". Et quand on connaît son goût pour l’euphémisme, il fallait donc savoir quel était son projet tordu comme tous ceux qu’il nous impose, depuis 1000 jours, avec sa majorité de députés serviles.
Pour cela, il faut mettre en regard trois données liées à cette réforme : la première qui est le système à point ; la deuxième, qui est le système Macron : « tout pour l’entreprise et la finance ». En somme, comment l’entreprise et la finance peuvent-elles profiter du système à point alors même que Macron a toujours dit depuis qu’il avait été ministre de l’économie : « il n’y a pas de problème de financement des pensions de retraite » ?
La chose a été comprise assez rapidement : si les pensions baissent alors qu’elles ne sont déjà pas mirobolantes, c’est bien pour nous obliger à les compléter. Et comment les compléter ? Et bien, par des placements dans des fonds de pensions, des assurances vie, des actions, etc... Bref ! Placer notre argent sur des comptes à risque tout en versant nos dividendes aux actionnaires.
Cependant, la vérité de ce projet de société est-elle honorée totalement ? Macron nous a habitué aux coups les plus vils et ce « projet de société » ne serait qu’un tour de passe-passe de banquier. Non, ça ne pouvait être que cela. Macron a démontré depuis longtemps qu’il était à l’avant garde du combat néolibéral et il ne saurait s’engager dans une bataille aussi dure pour des histoires de comptabilité.
Alors, demandons-nous comment ces différents paramètres ( système à point et capitalisation) peuvent agir sur la société. Et bien, cela oblige les gens à surveiller la valeur du point qui baissera régulièrement, la progression de leur pécule et l’évolution du cours de la bourse. Quel changement avec le système actuel qui est un système par répartition qui n’a rien à voir avec cette réforme parce qu’il s’appuie sur la solidarité intergénérationnelle : les actifs s’occupent de leur retraités et les jeunes s’occupent de leurs vieux, comme ça s’est toujours fait dans toutes les sociétés du monde à travers le temps. Ce qui veut dire que la solidarité intergénérationnelle est remplacée par un l’individualisme calculateur.
Cette fois, se dessine un projet de société : remplacer une société basée sur la solidarité par une société basée sur l’individualisme. Individualisme au sein d’un système économique qui nous force à la compétition, à la concurrence et au "toujours plus que l’autre".
Se poser la question de savoir si les générations vont être solidaires les une des autres s’il y avait un crack financier, c’est se faire croire qu’il y a un choix. Il n’y aura évidemment pas de solidarité en dehors de celle des liens familiaux. Et comment croire qu’il n’y aura pas de crack financier quand on voit l’état de la finance, de l’accumulation de la dette mondiale et de la fragilité du système qui peut rompre au moindre problème ? L’épidémie de coronavirus met en panique la bourse chinoise qui tente par tous les moyens d’isoler son système financier du reste du monde afin de ne pas déstabiliser les bourses mondiales et provoquer ce crack. 700 morts et on est déjà au bord de l’abîme ! Comment croire que si les Chinois parviennent à endiguer la vague de panique boursière qui se déroule sur le territoire, les problèmes liés au réchauffement climatique, aux migrations qui ne vont qu’augmentant, ou tout simplement, les spéculations totalement déconnectées de toute moralité des traders, banques et multinationales ne finiront pas par déclencher les ravages qu’ont provoqués la crise de 2008 et dont les retraités ont le plus souffert ?
Arrivé à ce point du raisonnement, on peut toujours se demander s’il ne reste pas à découvrir autre chose encore car si on peut reconnaître une qualité à Macron, c’est celle d’être intelligent. Par exemple, se poser la question de ce que peut bien avoir de si avantageux une société individualiste plutôt qu’une société solidaire ? Eh bien, pour deux raisons :
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l’autre, la plus grave, qui permet de désolidariser le peuple, car un peuple divisé ne peut plus se reconnaître en tant que force et perd tout pouvoir.
Cette réforme mal ficelée et totalement absurde du point de vue de la logique sociale trouve donc toute sa logique dans ce projet monstrueux de rendre les personnes totalement asservies au système financier et de priver le peuple de son pouvoir souverain.
Se battre pour nous assurer une retraite heureuse est un combat social. Il est indispensable.
Se battre pour sauver la souveraineté du peuple est un combat pour défendre la démocratie. Il est vital !
Les Gilets jaunes ont réussi une chose : celle de conscientiser la société politique qu’elle était composée d’un peuple et de ses représentants. Ils ont remis le peuple au centre des débats et c’est pourquoi Macron ne veut pas céder, car un peuple qui prend conscience de sa force devient dangereux pour le pouvoir. Alors, Macron a décidé de casser définitivement cette force opposée en devenant le croque-mort de la démocratie. Car, Macron a choisi de mettre son intelligence au service du mal !
Son seul objectif : soumettre les individus, les réduire à n’être que des consommateurs en compétition les uns contre les autres et détruire le peuple pour lui ôter tout pouvoir de révolte collective !