Les ailes et les serres du pygargue américain
Mercredi 25 juin 2014, par ,
Il est un truc de la manipulation, commun au prestidigitateur et au dirigeant politique peu soucieux de démocratie (Chomsky) : attirer le regard du spectateur dans une direction pour le détourner d’un spectacle édifiant.
On diabolise Poutine, Le Pen et Assad, fort bien. Les faits divers complètent le tableau. Le Mondial de foot coiffe le tout. Circulez, y a rien à voir ! En cuisine, on mijote des plats de résistance peu ragoutants.
Quelques initiés auront entendu parler du Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l’Industrie, concocté entre milieux d’affaires des Etats-Unis et de l’Union européenne, avec la bénédiction de cercles politiques à leur disposition.
Le tableau n’est portant pas complet. Au même moment, les Etats-Unis négocient un traité semblable de l’autre côté de l’Eurasie : le Partenariat Transpacifique (en anglais Trans-Pacific Strategic Economic Partnership).
Ce n’est pas tout. Les ailes du commerce (Mercure) impliquent les serres pour saisir les proies (Mars). En dépit des assertions des idéologues, le marché ne marche pas tout seul. Le pygargue, emblème des Etats-Unis, est un aigle pêcheur. Or donc, dans la plus grande discrétion, se négocie un volet militaire entre Européens et Américain, l’ACSA, pour « Acquisition and Cross-Servicing Agreement ». http://www.bruxelles2.eu/psdc/gestion-de-crise/un-accord-militaire-avec-les-usa.html Idem sur le front Est, avec des accords Canada-Japon, Etats-Unis-Brunai
De mauvais esprits supputent que l’accord « administratif et technique » militaire entre les USA et l’EU affaiblit les capacités propres de l’Europe en matière de défense. Zbignew Brzezinski nous en avait avertit : « Pour le dire sans détour, l’Europe de l’Ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses Etats rappellent ce qu’étaient jadis les vassaux et les tributaires des anciens empires. » (Brzezinski, Le grand échiquier, p.88)
Nos cousins d’Amérique font souvent preuve d’une grande qualité : celle d’appeler un chat un chat. Qu’on se le dise : le pygargue a des ailes et des serres. Et les peuples d’Europe sont des pigeons ?
Gabriel Galice – Berne, le 12 juin 2014